Le Figaro Magazine

AUSSI LA SÉCURITÉ !

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La « société de vigilance » ! On en parlait, elle se généralise. Grâce à un acteur inattendu : le secteur privé ! Le ministre de l’Intérieur ouvrait la semaine dernière les travaux du Club des Directeurs de sécurité des entreprise­s. Une première. Jusqu’alors, jamais le régalien (l’Etat) n’aurait voisiné avec le privé. « Il n’est plus possible de penser la sécurité “chacun dans son couloir”, a dit le ministre. Nous sommes liés par des menaces communes, des enjeux partagés, nos réponses doivent être globales et concertées. » Le ministre de l’Intérieur a proposé à ces directeurs de constituer avec eux un « réseau ».

Gérard Collomb a ceci de particulie­r qu’ancien maire d’une grande métropole, Lyon, sensible aux questions de sécurité, il savait en prenant ses fonctions que, même augmentée de la police municipale, la police nationale ne pouvait plus faire face aux multiples missions de sécurité. Il fallait faire appel au privé.

Le secteur, réglementé par différents textes (1983, 1995, 2010), est en pleine expansion. Les vagues d’attentats, la radicalisa­tion islamiste, ont accéléré les recrutemen­ts, au rythme de 7 % par an. Les effectifs sont de l’ordre de 180 000 salariés. A rapprocher du nombre de policiers, 150 000, et de gendarmes, 100 000. « La sécurité privée est désormais la troisième force de sécurité du pays », dit Alain Juillet, grand expert du sujet, président de l’Académie de l’intelligen­ce économique.

Ce qui était impensable est devenu nécessaire : le transfert de la police et de la gendarmeri­e au privé de missions de protection statique, de gardiennag­e, de contrôles sensibles. C’était déjà le cas dans les stades, les ports et les aéroports (à côté de la police de l’air et des frontières), c’est maintenant partout. Objectif : la prochaine Coupe du monde de rugby et les futurs Jeux olympiques. Mais pas seulement : le ministre de l’Intérieur invite la sécurité privée à lutter aussi contre la cybercrimi­nalité et la radicalisa­tion en entreprise, sans négliger les « signaux faibles » qui peuvent prévenir une menace. « La sécurité doit devenir un état d’esprit dans l’entreprise », dit Gérard Collomb.

La « société de vigilance » a également ceci de profitable : le secteur privé recrute et forme ses effectifs à des coûts très inférieurs à ceux de la fonction publique ! Décidément, c’est gagnant-gagnant.

Le secteur privé de la sécurité recrute à des coûts très inférieurs à ceux de la fonction publique !

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