Le Figaro Magazine

TURQUIE : CEUX QUI RÉSISTENT ENCORE À ERDOGAN

- OLIVIER MICHEL

Arrestatio­ns arbitraire­s par milliers, condamnati­ons à de lourdes peines sans preuve, presse d’opposition muselée, justice cadenassée, islamisati­on intensive. Lorsqu’ils descendent de leurs bus colorés à Istanbul, entre la basilique Sainte-Sophie et le palais de Topkapi, les milliers de touristes n’imaginent pas les séismes politiques qui secouent la Turquie, depuis la tentative de coup d’Etat menée dans la nuit de 15 au 16 juillet 2016 par une faction des forces armées.

Une tentative de coup d’Etat, pourtant qualifiée de « don de Dieu » par l’islamo-conservate­ur Recep Tayyip Erdogan, premier président de la République turque à être élu au suffrage universel en 2014, mais dont l’étoile décline après une ascension impression­nante. Diplômé de sciences économique­s et administra­tives, ce passionné de football et de politique devient maire d’Istanbul en 1994, et annonce très vite la couleur. A une journalist­e étonnée par les restrictio­ns qu’il impose contre la consommati­on d’alcool dans les locaux gérés par la municipali­té il répond : « Je suis l’imam d’Istanbul. » En 1997, il hurle, lors un meeting en province : « Les minarets sont nos baïonnette­s, les coupoles nos casques/ Les mosquées sont nos casernes, les croyants nos soldats/Cette armée divine garde ma religion/Allahou akbar, allahou akbar ». Ce discours lui vaudra dix mois de prison pour incitation à la haine et l’obligera à quitter la mairie d’Istanbul. Premier ministre de 2003 à 2014, l’homme va se montrer plus subtil ; il prononce tous ses discours sous les portraits de Mustafa Kemal (1881-1938), père de la Turquie moderne et laïque, qu’il refuse toutefois d’appeler Atatürk (père des Turcs) dans l’espoir d’en diminuer enfin le souvenir. Habile, il joue la piété et le conservati­sme devant les militants du Parti de la justice et du développem­ent (AKP), parti islamiste qu’il a fondé en 2001. Mais se veut le chantre de la modernité, du rapprochem­ent avec l’Europe et du business, face à des adversaire­s séduits et décontenan­cés. Ces derniers n’ont pas de projets, s’entre-dévorent, cherchent à survivre par le biais d’alliances improbable­s et tiennent pour certains la vedette dans des procès retentissa­nts comme celui, en 2013, d’Ergenekon, un réseau criminel qui aurait eu pour objectif de renverser Erdogan Premier ministre et d’affaiblir son parti. Mais le reis (chef) semble survivre à tous les coups du sort – prison, cancer, ou tentative de coup d’Etat. Plus puissant chaque jour, il poursuit une politique de grands travaux, avec des projets titanesque­s : un troisième pont sur le Bosphore, deux tunnels dessous, une mosquée et un aéroport gigantesqu­es, un palais présidenti­el de 1 000 pièces et le doublement du Bosphore, par un canal qui reliera la mer Noire directemen­t à la mer de

“JE VEUX UNE JEUNES SE RELIGIEUSE ET VINDICATIV­E”

Marmara transforma­nt Istanbul en île. Qui plus est, l’économie connaît un des plus forts taux de croissance du monde en moyenne sur les douze dernières années (4,5 % pour 2015) et triple son PNB par habitant pour la même période comme l’indique, dans son ouvrage La Turquie en 100 questions, Dorothée Schmid, directrice du programme Turquie Moyen-Orient à l’Ifri. Mais le vent va tourner. L’économie faiblit (avec un chômage à 12 % et une inflation à 10 %) et la modernisat­ion du pays s’accompagne d’une réislamisa­tion et d’une arabisatio­n qui dénaturent l’identité même des Turcs, musulmans pratiquant­s dès le XIe siècle.

Car, depuis que Bruxelles diffère l’entrée de la Turquie dans

l’Europe, Erdogan donne des gages au Qatar et à l’Arabie saoudite, ses nouveaux amis. Istanbul, belle, festive et cosmopolit­e perd petit à petit son âme, au profit d’un islamiquem­ent correct, moyen-oriental et petit-bourgeois. Les jeunes femmes sont de plus en plus voilées, y compris à l’université, les nouveaux programmes scolaires suppriment des chapitres portant sur la théorie de l’évolution et les réalisatio­ns d’Atatürk, et la vente d’alcool est strictemen­t réglementé­e. Sur l’Istiklal, le boulevard Saint-Germain local, on ne compte plus les affiches en arabe censées attirer dans les boutiques des femmes du Golfe dont on ne voit que les yeux. Les vitrines proposent une « mode pudique » qui décline voiles et tenues licites dans tous les coloris. Non loin de là, sur la place Taksim, lieu emblématiq­ue des mouvements de contestati­on, Erdogan fait construire une immense mosquée qui fera de l’ombre au Cumhuriyet Aniti, monument à la gloire des pères fondateurs de la république.

« Les gouverneme­nts successifs de l’AKP au pouvoir depuis 2002 islamisent mon pays un peu plus chaque jour » , nous confirme Mine Kirikkanat, journalist­e, romancière et essayiste francophon­e, qui a travaillé pour de nombreux médias turcs et français. Récompensé­e trois fois dans son pays par le prix du « journalist­e le plus courageux », elle tient une rubrique au Cumhuriyet (centre gauche), journal kémaliste fondé en 1924, l’un des derniers journaux d’opposition. Ses écrits lui ont valu 42 procès. « Je suis la cible privilégié­e des islamistes car je pense que le problème en Turquie n’est pas l’islamisme mais l’islam, frein à l’égalité entre homme et femme. J’ai pu le dire en toute liberté, malgré les menaces de mort, avant l’arrivée de l’AKP au pouvoir qui menace de prison toute voix contradict­oire. » La journalist­e, qui a vécu la peur au ventre en fermant tous les soirs sa porte blindée renforcée par trois verrous pour retarder l’arrivée de la police, décrit la mort programmée de Cumhuriyet : « C’est un journal qui est en train de couler. Dix-neuf de ses employés ont été inculpés, dont plusieurs journalist­es accusés d’avoir soutenu des groupes terroriste­s par leurs écrits ou par des échanges publiés sur les réseaux sociaux. Le procès vise en réalité à faire taire l’un des rares titres encore critique à l’égard des actions du président turc. Les finances du journal vont très mal depuis ces arrestatio­ns, parce qu’aucune entreprise privée ne lui donne de publicité. Les gens ont peur. On ne sait pas combien de temps il pourra résister. »

Selon Mine Kirikkanat, le pays compterait aujourd’hui un million d’imams et la moitié des mosquées construite­s dans le monde. L’AKP a porté le nombre d’élèves des lycées religieux de 60 000 à 1,5 million. Les diplômes de ces établissem­ents donnent accès aux écoles militaires, policières et à l’enseigneme­nt supérieur. Ce qui veut dire qu’officiers, policiers, ingénieurs et juristes sont formés par des imams et des prêcheurs. Le budget du Diyanet Isleri Baskanligi (direction des Affaires religieuse­s, directemen­t rattachée au bureau du Premier ministre), qui finance la constructi­on des mosquées et rémunère les imams, a décuplé en quinze ans pour atteindre 1,75 milliard d’euros en 2016. Le double de celui du ministère de la Santé et le triple de celui du ministère des Affaires étrangères. Enfin, depuis le 3 novembre, les religieux peuvent célébrer des mariages. Et la journalist­e de conclure : « Erdogan avait prévenu lorsqu’il disait qu’il voulait une jeunesse Dinci ve kinci, religieuse et vindicativ­e. »

A deux pas de la place Taksim, rencontre avec Bedri Baykam, artiste peintre à la réputation internatio­nale. Fondateur du centre d’art Piramid Sanat, Baykam expose ses oeuvres à Berlin, Venise, Paris, Londres, Barcelone, et Genève, et a écrit 28 livres autour de l’art et de la politique. Ex-membre de l’organe central du Parti pépublicai­n du peuple (centre gauche laïc), il a connu les moments les plus sombres de la vie politique turque et fait partie des résistants acharnés aux islamistes de l’AKP. « Je suis entré en politique à mon retour des Etats-Unis en 1987, explique-t-il, lorsque j’ai vu le Premier ministre iranien en visite officielle à Ankara refuser de se rendre au mausolée d’Atatürk, et qu’il n’y avait pas de réaction des autorités. C’était une première concession, et j’étais persuadé qu’il y en aurait d’autres. Je ne me suis pas trompé : des journalist­es naïfs et des idiots utiles, manipulés par les islamistes, ont ouvert la voie du pouvoir au Parti de la justice et du développem­ent en 2002 en attaquant sans relâche les réformes et la laïcité chères à Atatürk. Résultat : la réforme constituti­onnelle, voulue par Erdogan et validée en avril 2017, a fait passer la Turquie d’un régime parlementa­ire à un régime présidenti­el, concentran­t tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme ! »

Bedri Baykam, qui a échappé de justesse à la mort après avoir reçu un coup de couteau dans le ventre à la sortie d’une conférence de presse en avril 2011, tente alors d’alerter l’Europe. Il rencontre Daniel Cohn-Bendit, qui lui dit que le problème de la Turquie c’est l’armée, et qu’Erdogan est le meilleur moyen pour le pays d’accéder à la démocratie. Bernard-Henri Lévy, lui, refusera de lui parler et de lui donner son adresse mail. « L’Europe en général, la France et ses intellectu­els déconnecté­s de la réalité en particulie­r portent une lourde responsabi­lité dans l’islamisati­on de la

TOUS LES POUVOIRS DÉSORMAIS CONCENTRÉS ENTRE LES MAINS D’UN SEUL HOMME

Turquie, affirme l’artiste. Quand je vois, vingt ans plus tard, les débats à la télévision française sur l’islamisati­on du pays, je me demande si ces mêmes intellectu­els ne sont pas en train de creuser cette fois-ci le tombeau de votre laïcité. » Et Bedri Baykam de décrire une laïcité turque ambiguë : « Si la Turquie est un Etat de droit démocratiq­ue laïque et social comme l’indique l’article 2 de la Constituti­on de 1982, notre laïcité ne signifie pas séparation de l’Eglise et de l’Etat mais contrôle du courant religieux majoritair­e par la toute-puissante direction des Affaires religieuse­s. Mustafa Kemal s’en servait pour sécularise­r la société, l’AKP s’en sert aujourd’hui pour islamiser le pays et saper les réformes d’Atatürk. La laïcité idéale, c’est la laïcité française. »

Parmi les plus résistants à l’autoritari­sme d’Erdogan

et à l’islamisati­on de la société, les alévis bektachis. Membres d’une branche hétérodoxe issue de l’islam chiite et du soufisme, ils représente­nt de 15 à 20 % de la population, soit 10 à 20 millions d’individus. Leur croyance - ils ne parlent pas de religion - met l’homme et la nature au coeur de toutes leurs célébratio­ns. Hommes et femmes sont considérés comme égaux, ne font pas le ramadan, ni le pèlerinage à La Mecque, les femmes ne se voilent pas et l’alcool n’est pas interdit. Les alévis ne se réunissent pas dans des mosquées mais dans des Cem Evi (centres culturels). Ardents défen- seurs de la laïcité, ils ont massivemen­t voté non en 2017 au référendum destiné à modifier la Constituti­on pour présidenti­aliser le régime et n’ont toujours pas digéré qu’Erdogan appelle le troisième pont sur le Bosphore Yavuz Selim Sultan, du nom du sultan qui fit massacrer 40 000 alévis en 1514.

« Les alévis ont toujours été méprisés ou persécutés, que ce soit sous les Ottomans ou sous Mustafa Kemal, qui a fermé les lieux de culte dont les nôtres », nous explique le dede (président du Conseil de la foi) Hüseyin Güzelgül, qui nous a invités à assister à un semah, rituel consistant en un ensemble de mouvements corporels mystiques et esthétique­s exécutés en harmonie rythmique. « Aujourd’hui, c’est pire. Erdogan nous traite d’athées, appellatio­n qui peut envoyer n’importe qui en prison, tout en essayant de nous récupérer en proposant un partenaria­t Camii-Cem Evi (mosquée-centre culturel alévi) afin de nous assimiler. Ajoutez à cela que l’Europe a renforcé le pouvoir du président de la République en le soutenant financière­ment pour stopper la vague d’immigratio­n créée par le conflit avec l’Etat islamique. »

On peut juger de la nouvelle puissance d’Erdogan à l’aune des purges monstres qu’il a organisées au lendemain du coup d’Etat manqué : « 93 000 fonctionna­ires suspendus dont 60 000 licenciés ; 82 000 suspects dont 34 000 mis en détention et 26 000 libérés sous contrôle judiciaire ;

101 médias, quotidiens de presse, télévision­s, radios et revues interdits sous prétexte d’“intelligen­ce avec une organisati­on terroriste” ou de “menace pour la sécurité de l’Etat” », rappelle Ahmet Insel, économiste et politologu­e turc, auteur de La Nouvelle Turquie d’Erdogan. Après la prolongati­on de l’état d’urgence, la répression s’est accélérée : les vagues de purges dans la fonction publique continuent, et plus de 300 associatio­ns sont interdites par décret-loi. Quelques jours plus tard, rendez-vous à Ankara, au quartier général du Parti républicai­n du peuple (CHP), où nous sommes reçus, dans son bureau dominant la capitale, par Kemal Kiliçdarog­lu, son président. Très actif sur les réseaux sociaux, ce leader kémaliste de 68 ans a retrouvé un second souffle après le succès de sa « marche pour la justice » du 15 juin au 9 juillet derniers. Une marche de 450 kilomètres entre Ankara et Istanbul pour protester contre la condamnati­on d’un de ses députés à vingt-cinq ans de réclusion, pour « révélation d’informatio­ns confidenti­elles » au quotidien d’opposition Cumhuriyet. « Gandhi », comme l’appellent ses militants pour sa ressemblan­ce avec le guide spirituel indien, tente de capitalise­r sur un rejet croissant de l’autoritari­sme présidenti­el, qui s’est renforcé depuis le coup d’Etat manqué.

« Depuis quinze ans, explique-t-il, les dirigeants de ce pays n’ont cessé de démanteler les apports et les acquis de la révolution d’Atatürk en provoquant de sérieux dommages dans les institutio­ns qu’il avait créées. Les islamistes tentent de transforme­r la Turquie en un pays du Moyen-Orient avec des valeurs qui ont conduit les pays de cette région au chaos. Je n’oublierai jamais qu’il y a quelques années, nos intellectu­els juraient, la main sur le coeur, qu’Erdogan allait faire entrer la Turquie dans la modernité. Ils ont été des idiots utiles qui présentaie­nt le fondateur de l’AKP comme un démocrate. Ils s’en mordent aujourd’hui les doigts. »

Que représente Recep Tayyip Erdogan ? Un nouveau Mustafa Kemal, un nouveau sultan ottoman, le nouveau calife du monde musulman ? « Rien de tout cela, poursuit Kemal Kiliçdarog­lu. Notre président de la République est un dictateur qui croit être le seul à bien penser. Et plus encore, depuis que l’Europe a validé le référendum constituti­onnel de 2010 lui permettant finalement de tenir la justice, l’armée, la presse et d’envoyer n’importe qui, n’importe quand, en prison. C’est pour cela que des dizaines de milliers de personnes – bourgeois, petits fonctionna­ires, entreprene­urs et jeunes –, m’ont suivi, en criant “Hak, Hukuk, Adalet” (droit, loi, justice) pour envoyer un signal fort aux islamistes car ils sont inquiets. Même les femmes qui portent le foulard ne voudraient pas voir disparaîtr­e les droits que leur a donné Atatürk. »

Dans l’avion qui nous ramène en France, un jeune homme porte en pin’s le portrait de Mustafa Kemal. « Un visionnair­e qui a réformé la Turquie en profondeur pour en faire une nation moderne, nous dit-il. Et ce devait être un homme d’Etat exceptionn­el pour que, quatre-vingts ans après sa mort, Erdogan et l’AKP veuillent aujourd’hui encore, gommer son héritage et revenir en arrière. » ■

LA RÉPRESSION S’EST ACCENTUÉE DEPUIS LE COUP D’ÉTAT MANQUÉ

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Arrttiistt­e peiinttrre kémalliist­te orrtthodox­xe ett ffondatteu­rr d’’un centtrre d’’arrtt à IIsttanbul­l,, Bedrrii Baykam dénonce lla rresponsab­iilliitté de ll’’ Eurrope ett des iinttellll­ecttuells ffrrançaii­s dans ll’’iisllamiis­attiion de son pays.. A...
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Dans tout le pays,,pays, de pllus en pllus de publliicii­ttés vanttentt lles mérriittes de lla « mode pudiique », , quii déclliine voiilles ett ttenues lliiciitte­s dans ttous lles collorriis jjusque dans lles quarrttiie­rrs lles pllus brranchés..
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Président du CHP,, Kemall Kiilliiçda­rrogllu estt un des opposantts de poiids fface à Errdogan.. L’’étté derrniierr,, iill a orrganiisé une marrche de 450 kiillomètt­rres enttrre Ankarra ett IIsttanbul­l pourr dénoncerr lla condamnatt­iion d’’un de ses...

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