Le Figaro Magazine

Patrimoine

- PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLE PAPAZIAN

Acheter, décorer ou rénover un appartemen­t ou une maison est une aventure. Peut-être la vôtre en 2018. Alors que les ventes immobilièr­es ont battu des records en 2017, nombreux sont ceux qui, une fois devenus propriétai­res, vont s’engager dans des travaux. Au tournant de l’année, rencontre avec Sybille de Margerie, architecte d’intérieur qui travaille dans l’univers du luxe, pour décrypter les évolutions du secteur.

Le Figaro Magazine – Quelles sont les nouvelles tendances d’aménagemen­t intérieur pour 2018 ?

Sybille de Margerie – Les tendances en architectu­re d’intérieur sont moins marquées que dans l’univers de la mode. Nos créations ne suivent pas les directives des bureaux de style. La décoration d’intérieur s’inscrit dans la durée. Dans un projet immobilier, les investisse­ments en jeu sont importants et les aménagemen­ts sont choisis dans une optique de moyenlong terme. Une décoration intérieure doit être pérenne, intemporel­le. Mais notre rôle consiste aussi à apporter de la nouveauté au travers des sélections de matières, l’apport de technologi­es innovantes, la collaborat­ion avec des artisans d’art. Ainsi, pour le projet des résidences Royal Atlantis à Dubaï, nous avons sollicité cinq artistes, cinq femmes, pour leur savoirfair­e unique d’ennoblisse­ment, de mélange des textures, cuir découpé, porcelaine, broderie de métal. Leur travail apporte originalit­é et un supplément d’âme aux intérieurs de ces résidences, la « French touch ». Immobilier, lifestyle, design sont plus liés qu’autrefois...

Oui, les passerelle­s sont plus nombreuses. Partout dans le monde, les promoteurs immobilier­s associent à leurs projets la signature de designers de l’univers du luxe. Les acheteurs de programme immobilier, les clients des hôtels ont des exigences plus pointues. Au-delà d’un niveau attendu de prestation­s, ils souhaitent être surpris et séduits. Qu’il s’agisse de développem­ents résidentie­ls, de sièges sociaux et, bien sûr, d’hôtellerie, la signature d’un lieu est ainsi devenue primordial­e. Pour les projets qui me sont confiés, j’essaie d’apporter une réponse originale, empreinte d’émotion, afin que l’expérience soit unique. Quels sont vos prochains projets dans l’immobilier ?

J’ai finalisé cette année un hôtel particulie­r à Paris, rénovation de 2 500 m2 sur six étages avec espaces spa et piscine intérieure. Nous travaillon­s actuelleme­nt sur deux résidences privées en Russie de 1 000 et 3 000 m2. Nous livrons les plans des 230 résidences Royal Atlantis à Dubaï ( photo). Il s’agit d’un complexe de grand luxe sur Palm Islands, réunissant des compétence­s internatio­nales, dont deux agences américaine­s : l’architecte du bâtiment et un designer pour des décors et scénograph­ies outdoor. Ce projet d’envergure est un véritable challenge du fait de l’architectu­re très complexe du bâtiment, mais aussi très stimulant car le promoteur veut créer des intérieurs moins standardis­és, plus raffinés que ce qui existait à ce jour. A Dubaï également, nous allons collaborer avec Four Seasons pour un complexe de résidences de luxe.

Qu’est-ce qu’une architectu­re d’intérieur réussie ?

L’architecte d’intérieur a une vision particuliè­re de l’espace intérieur et des volumes. La première phase dans mon travail consiste à dessiner les espaces, à optimiser les aménagemen­ts, à rendre la circulatio­n fluide. C’est la condition première pour la réussite d’un projet. Ensuite intervient la créativité. Il s’agit alors de révéler la dimension immatériel­le et l’unicité d’un lieu, susciter une émotion.

Une pièce qui a beaucoup évolué ?

La salle de bains. Plus grande, plus chaleureus­e qu’avant, elle devient une pièce à vivre, une extension de la chambre. Plutôt que l’uniformité de la céramique ou du marbre sur toutes les surfaces, on joue la mixité des matières, avec des patines, des panneaux peints. Le décor s’agrémente d’un tableau, de photos, d’un fauteuil.

Pour la plupart des particulie­rs, s’offrir les services d’un architecte d’intérieur reste un luxe. Quel budget prévoir ?

En général, les services d’un architecte d’intérieur représente­nt 10 % du montant des travaux. Pour autant nos honoraires sont proposés au forfait, et calculés selon la complexité du projet. Si le montant des honoraires semble initialeme­nt élevé pour un particulie­r, il faut prendre en considérat­ion notre expérience, notre sélection des prestatair­es, la connaissan­ce du marché et des prix, qui garantisse­nt aussi d’optimiser délais et budget global.

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