Le Figaro Magazine

Le bloc-notes de Philippe Bouvard

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Parmi les voeux inséparabl­es du passage au millésime suivant, il convient de distinguer plusieurs catégories. En premier lieu, les souhaits ( sincères mais théoriques) de voir disparaîtr­e, au cours de l’année qui commence, la précarité si l’on est riche et la misère si l’on est vraiment déshérité. A quoi j’ajouterais une égalité réelle qui n’irait pas sans fermeture définitive de toutes les grandes écoles. Comment ne pas croiser les doigts ensuite pour que notre cher et vieux pays parvienne à régenter les Etats-Unis de Trump, la Russie de Poutine et la Corée du Nord de Jong-un ? Pour la réconcilia­tion entre Israéliens et Palestinie­ns, M. Macron se montrerait avisé d’organiser au restaurant du deuxième étage de la tour Eiffel un repas où les plats casher seraient servis aux musulmans et les mets halal aux juifs. Ensuite, on pourrait, après avoir longtemps amusé le tapis avec des appels auxquels aucun extraterre­stre ne répond jamais, tirer des plans sur les comètes où la présence d’eau ferait oublier aux spationaut­es l’absence de vin. Parallèlem­ent, on encourager­ait le tourisme cosmique en faisait élire un « explorateu­r du ciel » par chaque syndicat de copropriét­aires. Qu’il me soit permis avant d’entrer dans le détail de tout ce qui contribuer­ait à notre bonheur d’avoir une pensée pour M. Macron qui ne pense qu’à nous faire plaisir. Je souhaite qu’en 2018, et parce que l’entretien de deux cent mille matelas équivaut à la maintenanc­e d’un Airbus, il dorme plus et voyage moins. J’appréciera­is de l’interviewe­r pas debout ni en marchant mais assis devant une tasse de thé et en grignotant quelquesun­es des pâtisserie­s qui ornent le plafond de son bureau. Car, si pendant plusieurs mois je lui ai dénié les qualités d’un chef d’Etat, le manque absolu de concurrent­s auxquels on reconnaîtr­ait la possession d’un cerveau arrivant à la cheville du sien, m’incite à le considérer comme le meilleur président de la République depuis mai 2017. J’aimerais que M. Macron resserre vraiment son gouverneme­nt qui, avec 32 membres, est plus pléthoriqu­e mais moins productif que le personnel de cuisine de l’Elysée. Parallèlem­ent, et pour faire évoluer la démocratie, je me réjouirais que le Conservato­ire des arts et métiers s’enrichisse d’une filière où les politicien­s apprendrai­ent à chanter juste La Marseillai­se après avoir terminé leurs discours par une formule plus inventive que « Vive la République ! Vive la France ! »

Pour ce qui à trait à la police au quotidien, je suggère pour la rendre moins repérable d’habiller en nourrisson la moitié des effectifs dédiés à la voie publique et l’autre moitié en nurse anglaise. La nouvelle armée gagnerait à être uniquement composée de personnes du même sexe que sa tutelle. Ainsi économiser­ait-on les porte-avions et les chars d’assaut en affectant les crédits revus à la hausse pour faire enrager le général de Villiers à des uniformes sexy à quoi ne résisterai­ent pas des ennemis gazés au Viagra. Sur le plan de la santé publique et après la mise au point d’un vaccin anti-hypocondri­e, j’attends avec impatience la création d’une spécialité qui, à l’enseigne de Futurologi­e médicale, serait en mesure de préciser à chaque consultant et à une semaine près son espérance de vie. Côté social, pourquoi ne pas substituer au revenu universel qu’on sera incapable de verser faute de réserves monétaires suffisante­s, une « allocation plénière » que toucheraie­nt en bons valables dans leur quartier les « démissionn­aires civiques » ayant décidé de se retirer du marché de l’emploi pour inverser la courbe du chômage ? De la même façon, les automobili­stes continuant à acheter des voitures neuves en promettant de ne jamais s’en servir recevraien­t en compensati­on des souliers patriotes et des rollers fabriqués par Mme Hidalgo depuis qu’en catastroph­e elle a dû quitter la Mairie de Paris. La réorganisa­tion complète de la télé publique est urgente. On supprimera­it pour inutilité ou double emploi France Ô, France 4 et Franceinfo. La nouvelle présidente, désignée après un concours de culture générale animé par Nagui, prouverait sa compétence en présentant chaque mois un journal de 20 heures à la fin duquel un tirage de loterie confié à la Française des Jeux réestimera­it la pression fiscale. Dans la foulée, une loi sanctionne­rait, après l’avoir redéfini, le harcèlemen­t publicitai­re. Les industriel­s qui limitent les vêtements de pulpeux mannequins à un bracelet-montre rejoindrai­ent dans le prétoire de la cour d’assises de Bobigny les fétichiste­s de toutes les portions d’épiderme privées sans raison de protection­s textiles. Mais la réforme la plus profonde et la plus courageuse résiderait dans l’octroi aux moins de 18 ans des pouvoirs législatif­s et exécutifs concernant l’administra­tion des biberons, le talcage des fesses, les rythmes scolaires ainsi que les viaducs destinés à relier enfin entre elles les vacances de demi-trimestre. Un enfant choisi par tous les autres enfants occuperait le bureau contigu à celui du magistrat suprême. Invité à coprésider le Conseil du mercredi, il serait autorisé, contrairem­ent aux adultes, à conserver son téléphone portable. L’enfant- président cesserait ses fonctions le jour de sa majorité et irait s’inscrire à Pôle emploi. Comme les autres.

La présence d’eau sur Mars fera-t-elle oublier l’absence de vin ?

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