En vue : Monseigneur Michel Aupetit
Ancien médecin, le nouvel archevêque de Paris aura à faire valoir la position de l’Eglise lors des débats à venir sur la famille ou la bioéthique.
Il y avait un pape normal, voilà un archevêque de Paris normal. Un homme qui exerça la médecine générale, en cabinet, en banlieue parisienne, pendant onze années, avant de se sentir « appelé par le Seigneur » à l’âge de 39 ans. Michel Aupetit, qui sera installé archevêque de Paris le samedi 6 janvier à 18 h 30 en la cathédrale Notre-Dame de Paris, résista : « Ce fut un combat spirituel. » Il finit par céder. Déjà l’appel le taraudait pendant ses études de médecine. Vocation tardive, il entre donc au séminaire quand le fulgurant cardinal JeanMarie Lustiger est aux commandes. Il est ordonné prêtre à 44 ans par le cardinal André Vingt-Trois qui le repère aussitôt et dont il devient un proche. Aux derniers jours de son pontificat, Benoît XVI nomme Aupetit évêque de Nanterre en 2013. Le pape François le promeut 141e évêque de la capitale française, le 7 décembre 2017. Qui est donc cet homme de 66 ans, ayant vécu à Viroflay et Chaville dans une modeste famille – son père, cheminot, n’était pas croyant –, guitariste de talent et sculpteur sur bois ? Qui est ce pasteur toujours souriant, très clair sur les principes catholiques, très déterminé dans l’action, à qui l’Eglise universelle confie la perle des diocèses de France ? Qui est ce spirituel dont l’un des secrets est, à l’image des moines, de pratiquer la prière de nuit ?
Les 525 prêtres parisiens n’ont pas leur pareil pour croquer, d’un trait, leurs homologues. Ils le définissent « joyeusement équilibré et loin de toute componction cléricale », ou encore « très jovial, très direct mais très cash ». Mais aussi « médecin, ne transigeant jamais sur la vérité du diagnostic, très méthodique pour trouver une solution pragmatique et efficace ». Un quatrième le voit « parfaitement adapté à la très fluide politique actuelle : le gouvernement aura un interlocuteur en face ». Car après le prophète Lustiger, le sage et avisé gestionnaire Vingt-Trois, la plus lourde responsabilité de l’archevêque de Paris consiste à tenir le rang de l’Eglise catholique de France. Plus qu’un président de la Conférence des évêques, le « Cardinal », comme on dit dans les couloirs pour désigner l’autorité conférée par le siège parisien, assure une forme de stabilité et de continuité symbolique de l’Eglise face aux gouvernements et aux instances nationales. Et, cardinal, Aupetit le deviendra.
Il se trouve aussi – ce n’est pas un hasard dans sa nomination – que cet évêquemédecin est un vrai spécialiste de bioéthique, matière qu’il enseigna à l’université de Créteil. Il a toujours pris des positions courageuses ces dernières années, à contre-courant des évolutions de société. Mais dès son entrée en scène en janvier 2018, cet évêque, peu familier des médias, va vivre un baptême du feu : avec des débats épiques sur la PMA pour les couples homosexuels, sur l’euthanasie et la fin de vie, sur la révision des lois de bioéthique.