Dans la tête de... Didier Lacroix
En juillet dernier, Didier Lacroix a pris les rênes du Stade Toulousain où il jouait troisième ligne aile durant les années 90. Entre-temps, le succès de sa société de communication A la Une l’avait imposé comme un homme d’affaires. A 47 ans, il reste avant tout un passionné, et c’est dans cet état d’esprit qu’il assistera, tout près du terrain, au match au sommet du championnat de France de rugby de ce week-end, qui oppose Toulouse à Toulon. Etes-vous arrivé là où vous vouliez ?
Je ne suis pas obnubilé par le statut. En ce sens, je ne vis pas la fonction de président qui m’a été conférée depuis juillet comme un aboutissement. Au contraire, ce n’est que le début d’une histoire. Il y a énormément de choses à faire ici. Il faut ranger le costume individuel et endosser celui du collectif, avec tout le poids que cela implique, et se lancer tête baissée dans un tunnel orienté vers la réussite. Le défi, ça s’assume. Etes-vous un bâtisseur ?
Il ne faut pas vouloir faire l’impossible pour l’impossible, sinon on est un kamikaze. Il faut entreprendre des choses, même si elles paraissent excessivement compliquées, et un jour réussir. C’est cela qui a guidé mes passions. Gagner un match, lever le bouclier de Brennus, c’est un instant de partage avec le public et les partenaires, et c’est une puissante décharge d’adrénaline. Comment gère-t-on le creux de la vague ensuite ? C’est plus compliqué.
Enfant, que souhaitiez-vous être ?
Tour à tour chirurgien traumatologue, avocat, commerçant… Mon père était dans l’élevage de porcs et j’ai acquis à son contact le sens du commerce. Ça tombe bien car, aujourd’hui, un club de rugby c’est aussi du commerce ! Le défaut que vous aimez beaucoup chez les autres ? La ponctualité car, moi, je suis toujours en retard ! Mais les gens du rendezvous précédent avec qui j’ai pris un peu plus de temps ne s’en sont jamais plaints… Avez-vous des maîtres à penser ?
Celui qui m’a le plus impressionné, c’est Jean-Luc Lagardère. Un capitaine d’industrie avec une classe naturelle, un côté réfléchi et profond. Que vous reprochez-vous ? De ne pas assez lire.
Les échecs, est-ce dur à assumer ?
J’en ai connu. Il faut arriver à rebondir, sans se recroqueviller sur soi-même. Mon éducation me permet de minimiser les victoires et relativiser les échecs. Quelles sont les musiques qui vous accompagnent ? U2 avec One, qui reste l’album de référence. Et, quand j’étais adolescent, j’ai été très ému par Money for Nothing, de Dire Straits, et Russians, de Sting. Regrettez-vous de ne pas avoir fait Sciences-Po ? C’est sûr que le contenu de ces études m’aurait convenu. Le livre qui vous a marqué ?
… ou tu porteras mon deuil, de Larry Collins et Dominique Lapierre, qui relate l’histoire d’El Cordobès,
le torero. Le musée que vous aimeriez visiter ? Le Guggenheim de Bilbao, évidemment, mais, quand je suis à Paris, je vais régulièrement au Grand Palais et surtout au musée Picasso. Un petit musée avec de si grandes oeuvres. C’est un trait de mon caractère : j’aime retourner aux endroits que je connais déjà car j’ai l’impression à chaque fois de les voir sous un autre jour. Sinon, je me réjouis d’aller, l’été prochain, visiter l’exposition « Picasso et la danse ». De quoi abusez-vous ? De la vie. Je suis un antiextrémiste et pourtant, je suis un extrémiste épicurien. A quelle voix ne résistezvous pas ? A celle de mon fils de 13 ans.
Que trouve-t-on dans votre penderie ? Elle déborde de partout. Ce n’est pas géré ! Je rajoute au fur et à mesure. Un paysage qui vous a marqué ?
Le panorama qui s’offre depuis la terrasse de l’Auberge d’Ahusquy, près du col Ibarburia, au Pays basque.
PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOIS DELÉTRAZ