COMMENT LES ALLEMANDS SE SONT REMIS AU TRAVAIL
Pour remettre les gens au travail alors que la hausse du chômage continuait, les Allemands commencèrent par définir ce qu’il fallait faire. Ils le résumèrent en deux verbes : « inciter et exiger » (« fördern und fordern »). Ils complétèrent donc leur dispositif d’incitation, droit du travail, fiscalité, aides, indemnités, par des obligations comportant des sanctions. S’il veut continuer à percevoir ses allocations, le chômeur ne peut refuser l’emploi proposé sans justifier son refus. Faute de justification vérifiable, la sanction tombe : son indemnité est suspendue pendant plusieurs semaines, et cela peut aller jusqu’à la suspension totale. En 2014, il y a eu 1 million de sanctions concernant près de 500 000 chômeurs. Effet dissuasif : depuis, le nombre de sanctions baisse parce que les fraudeurs ont compris leur intérêt. L’Allemagne a réduit son taux de chômage de moitié : de 11,2 % (2005) à 4,6 % – le quasi-pleinemploi.
En France, où l’on a presque tout essayé en matière d’incitations (la réforme du code du travail exceptée), mais sans contrôles, on connaît le résultat : 4,7 millions de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues en 2012, et 5,5 millions prévus en 2017 (9,5 % de taux de chômage), avec 15,5 milliards d’euros distribués en dispositifs variés à la fin du quinquennat Hollande et une dette de l’assurance chômage qui devait passer de 25,7 milliards en 2015 à 41,4 milliards en 2019 ! Les sénateurs auteurs d’un rapport d’enquête en octobre 2016, qui citaient cette évaluation, précisaient : « à réglementation inchangée ». C’est ce qu’Emmanuel Macron veut changer. Il incite, mais il exige.
Car les politiques antichômage qui réussissent ont – à côté des incitations – un point commun : les obligations imposées aux chômeurs indemnisés. Les Britanniques ont suivi les Allemands, suspendant les allocations en cas de refus de poste, d’absence de formation, ou même d’indisponibilité pour l’emploi offert. Taux de chômage du Royaume-Uni : 4,9 %. Les Italiens, grands adeptes du travail au noir, et dont le chômage dépassait les 11 %, ont multiplié les incitations, sans obligations. Le chômage a stagné jusqu’à ce qu’ils en viennent aux mesures restrictives – et créent une inspection nationale du travail ! Encourager, certes, mais contrôler, c’est le prix à payer pour la solidarité.
Contrôler, c’est le prix à payer pour la solidarité