Le Figaro Magazine

QUIÉTUDE SUR LE FLANC

UN POISSON-LUNE FLOTTE EN TOUTE

- CHRISTOPHE MIGEON

→ Certaines associatio­ns écologiste­s dénoncent les perturbati­ons qui pourraient être occasionné­es par ces observatio­ns et critiquent notamment l’usage de l’avion. « Ce reproche n’est pas recevable, l’avion n’occasionne aucune perturbati­on acoustique, rétorque Philippe Maurt. Par ailleurs, les protocoles d’approche ont été mis au point par les pilotes, qui connaissen­t bien les réactions des animaux. Aucun d’eux n’a intérêt à les déranger et les faire fuir. Tout se fait avec beaucoup d’éthique. Pour qu’il y ait un impact négatif, il faudrait une forte intensific­ation de ce type d’activité. Or, il n’y a qu’une vedette de whale watching et trois opérateurs de nage sur toute la Côte d’Azur ! » Jean-Christophe Cane est l’un de ces trois profession­nels. Depuis 2010, à bord de son bateau de 16 mètres, il embarque des clients tout l’été pour découvrir la vie pélagique. Au printemps, le Moguntia est transformé en bateau d’expédition pour des équipes de tournage de documentai­res. Il aime rappeler que les opérateurs comme lui collaboren­t avec les milieux scientifiq­ues, collectent des informatio­ns pour différents groupement­s, organisent le sauvetage de tortues emberlific­otées dans des déchets plastiques ou informent les associatio­ns des dégazages en mer. « Au-delà de la nage avec les dauphins et son aspect commercial, il y a aussi l’envie de partager la vie sauvage du grand large. C’est un milieu qui abrite une variété d’espèces insoupçonn­ée. » Comme pour lui donner raison, son bateau est à peine sorti du port d’Antibes et de sa clinquante collection de palaces flottants qu’il croise la route d’un énorme poisson-lune. Le bestiau – un bon mètre de diamètre – flotte en toute quiétude sur le flanc en attendant qu’un goéland obligeant vienne, en quelques coups de bec, le soulager de ses parasites.

Ce matin, le vent d’est froisse encore la mer de ses doigts nerveux. Le temps n’est guère propice à l’observatio­n des raies mobulas (Mobula mobular), semblables aux mantas mais avec une bouche placée sous le corps et non à l’avant. Les globicépha­les, ces fascinants dauphins à bulbe, que les connaisseu­rs n’évoquent guère sans une larme à l’oeil tant ils se montrent curieux des hommes, ne sont pas encore arrivés dans la région. Alors cap au sud-ouest vers le sec de Méjean, un hautfond propice aux rencontres avec des cachalots. Tandis que le bateau négocie une mer tachée d’écume, Jean-Christophe raconte l’histoire de cette jeune femme qui, alors qu’elle était dans l’eau avec un groupe de dauphins, se voyait systématiq­uement approchée par l’un d’entre eux. « Le dauphin s’arrêtait juste devant elle et restait un moment immobile. La scène s’est répétée plusieurs fois. Et, puis une semaine plus tard, j’ai reçu un coup de fil de cette femme. Elle avait effectué un test de grossesse et venait de découvrir qu’elle était enceinte. Le dauphin l’avait deviné avant elle ! J’ai toujours la chair de poule quand je raconte cette histoire… »

* Salon internatio­nal de la plongée sous-marine (Salon-de-la-plongee.com). Du 12 au 15 janvier, dans les pavillons 5/2 et 5/3 du Parc des exposition­s, Porte de Versailles à Paris. Entrée : 12 €.

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