QUIÉTUDE SUR LE FLANC
UN POISSON-LUNE FLOTTE EN TOUTE
→ Certaines associations écologistes dénoncent les perturbations qui pourraient être occasionnées par ces observations et critiquent notamment l’usage de l’avion. « Ce reproche n’est pas recevable, l’avion n’occasionne aucune perturbation acoustique, rétorque Philippe Maurt. Par ailleurs, les protocoles d’approche ont été mis au point par les pilotes, qui connaissent bien les réactions des animaux. Aucun d’eux n’a intérêt à les déranger et les faire fuir. Tout se fait avec beaucoup d’éthique. Pour qu’il y ait un impact négatif, il faudrait une forte intensification de ce type d’activité. Or, il n’y a qu’une vedette de whale watching et trois opérateurs de nage sur toute la Côte d’Azur ! » Jean-Christophe Cane est l’un de ces trois professionnels. Depuis 2010, à bord de son bateau de 16 mètres, il embarque des clients tout l’été pour découvrir la vie pélagique. Au printemps, le Moguntia est transformé en bateau d’expédition pour des équipes de tournage de documentaires. Il aime rappeler que les opérateurs comme lui collaborent avec les milieux scientifiques, collectent des informations pour différents groupements, organisent le sauvetage de tortues emberlificotées dans des déchets plastiques ou informent les associations des dégazages en mer. « Au-delà de la nage avec les dauphins et son aspect commercial, il y a aussi l’envie de partager la vie sauvage du grand large. C’est un milieu qui abrite une variété d’espèces insoupçonnée. » Comme pour lui donner raison, son bateau est à peine sorti du port d’Antibes et de sa clinquante collection de palaces flottants qu’il croise la route d’un énorme poisson-lune. Le bestiau – un bon mètre de diamètre – flotte en toute quiétude sur le flanc en attendant qu’un goéland obligeant vienne, en quelques coups de bec, le soulager de ses parasites.
Ce matin, le vent d’est froisse encore la mer de ses doigts nerveux. Le temps n’est guère propice à l’observation des raies mobulas (Mobula mobular), semblables aux mantas mais avec une bouche placée sous le corps et non à l’avant. Les globicéphales, ces fascinants dauphins à bulbe, que les connaisseurs n’évoquent guère sans une larme à l’oeil tant ils se montrent curieux des hommes, ne sont pas encore arrivés dans la région. Alors cap au sud-ouest vers le sec de Méjean, un hautfond propice aux rencontres avec des cachalots. Tandis que le bateau négocie une mer tachée d’écume, Jean-Christophe raconte l’histoire de cette jeune femme qui, alors qu’elle était dans l’eau avec un groupe de dauphins, se voyait systématiquement approchée par l’un d’entre eux. « Le dauphin s’arrêtait juste devant elle et restait un moment immobile. La scène s’est répétée plusieurs fois. Et, puis une semaine plus tard, j’ai reçu un coup de fil de cette femme. Elle avait effectué un test de grossesse et venait de découvrir qu’elle était enceinte. Le dauphin l’avait deviné avant elle ! J’ai toujours la chair de poule quand je raconte cette histoire… »
* Salon international de la plongée sous-marine (Salon-de-la-plongee.com). Du 12 au 15 janvier, dans les pavillons 5/2 et 5/3 du Parc des expositions, Porte de Versailles à Paris. Entrée : 12 €.