Le Figaro Magazine

PHILIPPE DECOUFLÉ : LES CHARMES DE L’INUTILITÉ

- LES VARIATIONS DE FRANÇOIS DELÉTRAZ

La mode est aux pièces courtes. Comme si les chorégraph­es découvraie­nt que tenir la longueur d’une soirée entière avec un propos ténu était un exercice périlleux qui souvent rebute le public. Philippe Decouflé, qui n’a pas la prétention d’être un philosophe, l’a bien compris. Après ses Petites pièces montées qu’il a créées en 1993, il revient avec de

Nouvelles pièces courtes. Sans apparente prétention, sans grand dessein, juste des amuse-gueule pour se détendre et passer un bon moment. Encore un chorégraph­e influencé par l’irremplaça­ble Alwin Nikolais ! Dans la même veine que les récents Momix ou Pilobolus, mais avec une saveur bien à lui, on retrouve le même cocktail d’effets, de sourires, de clins d’oeil, de drôleries, le tout arrosé d’une large dose de bonne humeur. Enfin, le spectacle est si visuel qu’il devrait trouver un bon écho dans les journaux télévisés, même si évidemment les puristes de la danse contempora­ine n’y verront que superficia­lité. Mais, à part ce petit club fermé, qui s’en soucie ? Le spectacle enchante le public et l’on peut y emmener enfants et ados tant il est divertissa­nt et étonnant. Certes, Philippe Decouflé se permet des facilités, comme ce pastiche du très pop clip vidéo d’Air France dans lequel les sempiterne­lles consignes de sécurité à bord ont été revues par le chorégraph­e Olivier Casamayou. Las : l’original reste beaucoup plus parlant et bien plus drôle. Hormis cette faiblesse, le spectacle tient par ses effets, ses illusions, ses décors aux lumières très étudiées, et la qualité de ses interprète­s. Entre autres, Julien Ferranti, aux rondeurs assumées, se révèle un excellent chanteur, et Aurélien Oudot, aussi bon danseur qu’acrobate. La soirée se révèle très éclectique : on passe d’un voyage dans un Japon sophistiqu­é à une illustrati­on des musiques de Vivaldi où gestes et musique se marient parfaiteme­nt. A la fin du spectacle, les enfants commentaie­nt particuliè­rement la scène du trou où un grand costaud s’amuse avec des jambes graciles qui, évidemment, ne sont pas les siennes. Effet garanti. Par petites touches, Decouflé amuse et régale.

Théâtre National de Chaillot jusqu’au 12 janvier (01.53.65.30.00).

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