ÂMES EN DÉTRESSE
LES LOYAUTÉS, de Delphine de Vigan, JC Lattès, 208 p., 17 €.
Chaque vendredi soir, Théo 12 ans et demi, fait son sac : enfant du divorce, il vit une semaine sur deux chez une mère en colère contre son ex-mari et un père sous antidépresseurs dont la vie part à vau-l’eau. Pour les protéger, il tait à l’un ce qu’il fait chez l’autre. Heureusement, au collège, il peut compter sur Mathis, le seul ami qu’il ait et qui le suivrait au bout du monde. Ensemble, à l’intercours, à la récré, ils boivent en cachette. Ah, les vertiges de l’ivresse ! Ces moments d’apathie formidables où tous les problèmes s’envolent mais qui, fugaces, nécessitent de plus en plus d’alcool. En classe, Théo s’endort souvent et se renferme. « Enfant fragile », note l’infirmière scolaire. Hélène, la prof principale, s’inquiète : victime de violence familiale dans son enfance, elle pense qu’il subit la même chose chez lui. Cécile, la mère de Mathis, se méfie de Théo et de l’influence qu’il a sur son fils. Mais comment en parler à un mari qui devient distant et passe ses soirées, muré dans son bureau, devant son ordinateur ? Alternant les récits de Théo, Mathis, Hélène et Cécile, Delphine de Vigan dresse le portrait sans concession d’une société en proie à ses maux : une jeunesse sans illusions prête à se perdre dans des paradis artificiels, des adultes aux idées coupables et aux illusions enfuies… Mais au bout du tunnel, toujours une lumière, qui a pour nom la loyauté.