BAISERS ENVOLÉS

Mfantômes… agnifique écrivain, sans doute l’un des secrets les mieux gardés de France mais qui gagnerait à être plus lu, Didier Blonde a une spécialité : la chasse aux

Dans ses très beaux livres (Un amour sans paroles, Carnet d’adresses, L’Inconnue de la Seine, Leïlah Mahi 1932), il a pourchassé des écrivains, des actrices du cinéma muet, des noyées. Didier Blonde fouille le passé et le ressuscite ; il le fait avec une grâce infinie et un style superbe.

Dans ce nouveau roman qui ressemble étrangement à un récit, il se rappelle avoir été figurant dans

Baisers volés de François Truffaut. On l’y voyait brièvement avec une jeune femme, également figurante. Qu’est-elle devenue ? se demande l’auteur alors qu’il revoit le film lors d’un hommage rendu à Truffaut à la Cinémathèque où Jean-Pierre Léaud, « l’un des derniers survivants, momifié, cheveux teints, a prononcé des mots de remerciements confus (…). Les applaudissements qu’il a reçus étaient surtout destinés au jeune homme qui nous avait accompagnés pendant des années, et qu’il n’était plus. » Didier Blonde part donc à la recherche de cette figurante brièvement rencontrée le temps d’une scène ou deux, mais évidemment, c’est aussi sur ce jeune homme qu’il a été et qu’il n’est plus, dont il peine à reconnaître le visage à l’écran, qu’il enquête très pudiquement. Tout cela est beau comme du Truffaut.

Le Figurant, de Didier Blonde, Gallimard, 153 p., 15 €.