L’AFFRANCHI
★★★ TUE-MOI, de Lawrence Block, Gallimard, « Série Noire », 334 p., 19 €. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sébastien Raizer.
Contraint de quitter New York et de se mettre au vert, Keller s’est installé sous un nom d’emprunt à La Nouvelle-Orléans, et partage désormais sa vie entre sa femme et sa fille, son entreprise immobilière et sa précieuse collection de timbres. Mais la crise économique qui menace de le mettre sur la paille l’oblige à reprendre son métier d’antan, dans lequel il reste un spécialiste : tueur à gages. Du Texas au Wyoming, en passant par la Floride, le philatéliste flingueur va alors joindre l’utile à l’agréable, et profiter de ses funestes contrats pour écumer les conventions et les ventes aux enchères de timbres rares… A 79 ans, et à la tête d’une oeuvre colossale qui fait de lui un des grands maîtres de la littérature policière, Lawrence Block n’a aujourd’hui plus grand-chose à prouver. Par conséquent, l’auteur de la crépusculaire saga Matt Scudder (Huit millions de façons de mourir, La Balade entre les tombes…) s’amuse. Construit comme l’assemblage de cinq nouvelles, reliées entre elles par les exploits de son héros exterminateur, Tue-moi brille par sa légèreté et son humour (toujours subtil, et parfois un peu coquin), et surtout par ses longues digressions érudites qui risquent de ravir les timbrés du catalogue Yvert et Tellier. PHILIPPE BLANCHET