L’éditorial de Guillaume Roquette
Etait-ce l’agression de trop ? Le lynchage d’une jeune policière pendant la nuit du réveillon, à Champigny-sur-Marne, a soulevé une indignation imprévue dans l’opinion française. Imprévue tant ce genre d’événement est devenu presque banal : les agressions en banlieue contre les forces de l’ordre ou les pompiers sont quotidiennes et ne suscitent généralement qu’un désintérêt gêné des médias. Pas cette fois, et c’est tant mieux. A condition évidemment de ne pas en rester au stade des protestations, même sincères, entendues jusqu’au sommet de l’Etat. Il faut d’abord arrêter de nier. La violence en banlieue est devenue endémique : durant la nuit du réveillon, plus de 500 personnes ont été interpellées, plus de
1 000 voitures incendiées. Et pas seulement en région parisienne. De Poitiers à Toulouse, de Rennes à la banlieue lyonnaise, de Dunkerque au Mans, de Valence à Mulhouse, les voyous sont chez eux partout.
Il faut ensuite arrêter d’excuser. Comment le premier adjoint (communiste) de la ville de Champigny ose-t-il déclarer, s’agissant de l’agression de la policière qu’« il ne s’agit en aucun cas de violence urbaine (…) mais de la conséquence d’une organisation déplorable » d’une soirée privée dans laquelle la police tentait de remettre de l’ordre ? Comment un sociologue décoré, Michel Wieviorka, ose-t-il prétendre dans la presse que les incendies de voitures du Nouvel An sont une tradition « avant tout ludique » ? Comment le ministre de l’Intérieur peut-il affirmer à la radio, en parlant des banlieues, que « quand on voit ces grandes barres on se dit qu’il y a un aspect inhumain qui ne peut générer que de la violence » ? Comme si ces immeubles n’existaient pas déjà il y a quarante ans sans compromettre pour autant la paix civile. Ce ne sont pas les bâtiments qui sont violents, mais leurs habitants d’aujourd’hui, ou plus précisément une partie d’entre eux. On nous annonce la mise en place d’une police de sécurité du quotidien (PSQ) pour les canaliser. Pourquoi pas, mais la jeune gardienne de la paix passée à tabac lundi auraitelle été en meilleure posture avec un insigne PSQ ?
Il faut enfin arrêter d’exonérer de réelles sanctions les acteurs de ces actes odieux. Leur sentiment d’impunité est tel aujourd’hui qu’ils n’hésitent pas à filmer leurs propres forfaits et à les diffuser sur les réseaux sociaux. Les policiers ne cessent de dénoncer l’absence de réponse pénale digne de ce nom envers leurs agresseurs.
On nous dit que les prisons sont pleines mais il faut alors en construire d’autres. Or seulement 10 000 places supplémentaires sont prévues pendant le quinquennat, un tiers de moins que ce qu’avait promis Emmanuel Macron pendant sa campagne.
Bien sûr, la prison n’est pas la seule réponse à cette généralisation de la violence. Il faudrait dès l’école rétablir l’autorité vis-à-vis de ces jeunes issus de l’immigration qui ne respectent aucune des règles communes de leur pays. Mais est-il encore temps ?
LA FUTURE POLICE DU QUOTIDIEN RAMÈNERA-T-ELLE LA PAIX DANS LES CITÉS ?