En vue : Michael Wolff
En publiant un livre sur la Maison-Blanche au bout d’un an de présidence Trump, ce journaliste a suscité des polémiques tous azimuts. Et s’est hissé au sommet de la liste des best-sellers.
Le titre était prémonitoire ; l’éditeur l’a sans doute voulu ainsi. Fire and Fury (Le Feu et la Fureur), le livre signé Michael Wolff sur la Maison-Blanche moins d’un an après l’installation de Donald Trump, a déclenché une tempête et d’innombrables polémiques. En voici quelques-unes : le Président est-il idiot ? voulait-il être élu ? est-il sain d’esprit ? est-il manipulé par ses conseillers ? ses enfants et son gendre lui sont-ils loyaux ? Sans oublier une question centrale : l’auteur est-il digne de foi ? Michael Wolff, 64 ans, n’en est pas à son coup d’essai. Journaliste à la plume trempée dans le vinaigre, il a chroniqué la vie new-yorkaise pour le New York Magazine et le Hollywood Reporter. Tantôt invité, tantôt pique-assiette, fasciné par les puissants, l’homme s’est fâché avec beaucoup de monde au point d’être éconduit de certains restaurants. On le décrit comme une sorte de flibustier, un anticonformiste et un marginal qui méprise le journalisme « classique ». Cette attitude lui a déjà valu un succès éditorial retentissant. En 2008, un livre consacré au magnat de la presse Rupert Murdoch (The Man Who Owns the News, L’Homme qui possède l’actualité) avait défrayé la chronique. Pour approcher le milliardaire australo-américain, Michael Wolff avait joué de son style à contre-courant de la presse. Là où elle se déchaînait contre lui, il prenait sa défense en mettant en cause les méthodes de ses confrères à son égard. Aussi, quand Wolff a sollicité Murdoch, le PDG de News Corp lui a concédé une cinquantaine d’heures en tête à tête et donné accès à ses collaborateurs. Rupert Murdoch regrette encore de s’être fié à lui tant son livre l’a présenté sous un jour négatif.
Avec Donald Trump, Michael Wolff a fait de même. D’abord la flatterie, à laquelle le Président n’est pas insensible, puis sa défense face à une meute journalistique prête à le déchiqueter. Le Président s’est laissé embobiner. Reste à établir quels accès à la MaisonBlanche l’auteur a obtenus – les deux hommes se sont vus fréquemment durant la campagne électorale. Dans un de ses tweets rageurs, Trump a affirmé qu’il ne l’avait jamais autorisé à entrer dans la West Wing (l’aile ouest où travaille le staff présidentiel). Dans une interview à la chaîne NBC, Wolff a dit le contraire.
A la lecture du livre, au demeurant fort bien écrit, on comprend surtout que plusieurs personnes de l’entourage se sont confiées « off ». Et qu’elles n’ont pas été avares de perfidies. En revanche, une source apparaît au grand jour citée par des propos entre guillemets : Steve Bannon. Le proche conseiller de Donald Trump, ce stratège de la victoire congédié le 18 août dernier, n’a pas ménagé le chef de l’Etat et encore moins sa famille. Depuis la parution du livre, l’imprécateur a présenté des excuses. Mais Trump n’a pas semblé les accepter.
De son côté, le pyromane Michael Wolff se frotte les mains. Le premier tirage de 150 000 exemplaires de Fire and Fury s’est vendu en quelques heures. Et son éditeur affirme avoir reçu un million de commandes.