LE SOLDAT DU FUTUR EXISTE DÉJÀ
Avec l’entrée en service du système Félin (fantassin à équipement et liaisons intégrés) en 2010, les Français ont été parmi les premiers à se doter d’un ensemble de combat individuel opérationnel, connecté et moderne. Mais l’explosion des technologies numériques ne cesse de révolutionner la manière dont les combattants se déplacent, observent, décident, communiquent, transmettent des informations, se protègent ou engagent le feu. Aujourd’hui, les
« opérateurs » des forces spéciales de l’armée de terre, de l’armée de l’air et de la Marine nationale disposent d’une interface de guerre électronique mobile et d’outils informatiques dédiés. Leur armement individuel, basé sur le fusil d’assaut HK-416 et décliné en fonction des besoins tactiques des différents groupes et des différentes spécialités, est en constant développement. Ultramobiles, protégé par un gilet pare-balles modulaire, appuyés par des moyens de transport aériens et terrestres dédiés, dont des drones, tous sont équipés de jumelles de vision nocturne augmentée (infrarouge et thermique) qui permettent de voir dans l’obscurité totale. Certains dispositifs intègrent aussi des éléments GPS, une caméra, un système d’enregistrement de données et un compas magnétique permettant de se positionner et de suivre un cap. En fonction des matériels connectés (PC portable, tablette, etc.), la topographie, les voies de communication, les positions amies et ennemies et l’armement présent, soit tous les éléments connus d’une situation, peuvent être communiqués en temps réel. Des capteurs installés sur les casques offrent également la possibilité de distinguer à tout instant la position de chacun des personnels engagés. Si de multiples innovations sont encore en phase de développement, sur le terrain comme dans les centres d’expérimentation et les labos des grands groupes industriels ou des start-up spécialisés dans la défense, les forces spéciales préfigurent incontestablement le visage du fantassin du futur. Baptisé Scorpion, le programme de modernisation de l’armée de terre vise actuellement à rénover l’équipement du fantassin, à accroître sa mobilité, ses capacités de détection et sa connectivité. A l’opposé du Ratnik-3 russe ou du Talos américain, qui transforment le combattant en une sorte de Robocop, Scorpion ne prévoit pas de casque intégral. Bien plus qu’un scaphandre de combat, le programme français vise surtout à développer l’interopérabilité des fantassins dans un environnement complexe où interagissent en même temps des engins de nouvelle génération comme le Griffon, un char multirôle, ou le Jaguar, un engin blindé de reconnaissance et d’attaque, ainsi que des drones, armés ou non. A plus long terme, la Direction générale de l’armement (DGA) travaille aussi sur des équipements futuristes comme Caméléon (une cape d’invisibilité) ou des lunettes connectées à réalité augmentée. « En fait, le fantassin du futur existe déjà, assure un officier supérieur de l’armée de terre. Techniquement, tout est là. Mais l’un des enjeux majeurs reste l’allégement du combattant. Car, sur le terrain, la mobilité est essentielle. C’est pourquoi nous travaillons sur le perfectionnement de la protection individuelle, la définition de réseaux de communication haut débit protégés, l’augmentation de l’efficacité de tir, la miniaturisation des batteries, la conception de capteurs et de moyens de communication directement intégrés dans la tenue… Sans jamais oublier que la modernisation porte aussi sur les principaux véhicules de combat. Scorpion est un programme global. En cela, il est révolutionnaire. »