RÉVISIONNISME CULTUREL
CHERS CRÉATEURS DE TOUT POIL (opéra, cinéma, littérature, théâtre), s’est tenue hier au théâtre de Florence la dernière représentation d’une version politiquement correcte de Carmen. Horrifié à l’idée qu’on applaudisse encore, en 2018, le meurtre d’un individu de sexe féminin et qu’on encourage ainsi, mutatis mutandis, les violences faites aux femmes, son metteur en scène, Leo Muscato, qui confond manifestement réalité et fiction, a modifié la fin de l’opéra de Bizet : cette fois, c’est la gitane qui fume don José. Pour le cas où certains auraient l’idée saugrenue de recomposer des oeuvres classiques, considérant que l’anachronisme est moins grave que le non-respect de la morale contemporaine, voici quelques suggestions : Gitane également malmenée par la littérature, Esméralda épouse Quasimodo. Cela sauve deux vies précieuses : celle d’une femme et celle d’un handicapé.
Anna Karenine ne se précipite pas sous un train afin de ne pas jeter le discrédit sur les agents SNCF dont on pourrait penser, par projection, qu’ils n’assurent pas correctement la sécurité des voyageurs, y compris sur les quais des gares.
Pénélope ne passe pas vingt ans à attendre sagement que son Ulysse de mari daigne rentrer de ses voyages, où il a par ailleurs passé beaucoup de temps dans les bras de jolies femmes (et hop, #balancetonporc), mais se libère de son statut de femme soumise pour vivre, avec le petit Télémaque, les délices de la vie de famille recomposée. La meurtrière Milady de Winter ne finit pas décapitée, car la peine de mort, c’est mal. A la place, elle purge une peine de trente ans. Elle en ressort évidemment « vingt ans après » sa condamnation (remise de peine, tout ça, tout ça) et accompagne son fils dans sa vengeance contre les Mousquetaires (qui réussit, tant qu’à faire). Nana ne meurt pas victime de la variole (on vous le répète, la vaccination est O-BLI-GA-TOI-RE), mais continue à faire la cocotte dans le poulailler politique. Elle séduit le général Boulanger, fait libérer le capitaine Dreyfus et empêche la guerre de 14-18.
Post-apostrophum : La femme est le passé de l’homme.