DERNIER FEU D’ARTIFICE
Tout change dans les années 80 : création de Canal+, La Cinq, M6, Arte, privatisation de TF1. Tous multiplient audaces et talents et forcent le service public à se réinventer en un feu d’artifice souvent étincelant. Mais aussi création de l’Audimat. Avec ce dernier, le téléspectateur devient cible, et le feu d’artifice tir aux pigeons. Bon résumé de Thierry Ardisson : les géomètres ont remplacé les saltimbanques. En quatre heures, Philippe Thuillier mesure l’étendue des dégâts avec ceux qui ont fait ces années-là. La manière dont ils les racontent est touchante. Loin de l’autosatisfaction habituelle aux gens de télévision, ils se rappellent les années 80 avec nostalgie, tendresse et un fond, parfois, de colère : promesses gâchées, paris perdus, et cette vulgarité qui peu à peu envahit tout. On peut contester certaines de leurs analyses. D’après eux, en 1981 le pouvoir politique aurait libéré la télévision : ce qui est démenti à chaque minute des quatre heures de cet excellent reportage.
Le politique n’est pas resté à sa place, mais n’a pas tenu son rôle. Résultat : une télévision livrée au marché et dispersée façon puzzle, en plusieurs dizaines de canaux. On tente, entre deux publicités, d’y trouver son bonheur. D’où le paradoxe : il y a davantage de programmes intéressants aujourd’hui qu’il y a trente ans, mais on passe beaucoup de temps à les chercher. La multiplication des chaînes a divisé leur impact. Le PAF est à reconstruire.