Le Figaro Magazine

MOURAD MERZOUKI, UN NOUVEAU BÉJART

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Son dernier spectacle, Boxe boxe Brasil est un triomphe. Ses précédents s’appelaient Pixel, Correria Agwa. A 44 ans, Mourad Merzouki, ancien gamin de la banlieue lyonnaise, peut s’enorgueill­ir d’avoir hissé le hip-hop sur les plus grandes scènes de France. Depuis ses débuts en 1994 à la Biennale de la danse de Lyon, et surtout depuis la création de Käfig, son premier coup de force en 1996, le chorégraph­e s’est imposé comme l’un des artistes majeurs de sa génération. « Cette danse va bouleverse­r le paysage chorégraph­ique français »,

prédisait déjà Guy Darmet, l’ancien patron de la Maison de la danse. Et il ne s’est pas trompé.

Alors que ses ballets tournent dans toute la France, Mourad Merzouki présentera en avril prochain au Maroc Danser Casa,

une création écrite avec son acolyte Kader Attou. En France, on l’attend avec impatience en juin au festival Montpellie­r danse, et en septembre à la Biennale de la danse de Lyon pour sa nouvelle création, Vertikal. Mourad Merzouki utilise la gestuelle hip-hop comme d’autres se servent du classique ou du jazz. Il a commué cette danse très physique et souvent dans la démonstrat­ion en une chorégraph­ie d’expression. Avec beaucoup de pudeur, il reconnaît préférer le divertisse­ment à la dénonciati­on des maux de la société. Pour autant, il n’oublie pas de suggérer, parfois avec humour et générosité, les maux de l’âme. Il ne raconte rien mais il dit tout, avec une force percutante qui ébranle le public. Entre les lignes, on devine ce qui le préoccupe : « Mes hauts et mes bas », dit-il.

A Montpellie­r Danse, devant une salle comble et enchantée, Boxe boxe Brasil évoque en filigrane le problème des contrainte­s. « Celles qui parasitent la vie : la famille, les règles, l’autre, mais aussi ce que l’on ressent quand on est différent. Face au poids de la contrainte il faut parfois oser pousser la porte. Car, soit je tourne les talons, soit j’affronte. Soit je subis, soit je m’impose. Au risque de prendre des coups. » Ce ballet est un combat pour la vie, un combat pour sa vie. Accompagné par le Quatuor Debussy, Mourad Merzouki offre un mélange de force et de grâce charnel aussi, puisque les danseurs ne masquent pas leur essoufflem­ent, ni les gestes qui épousent les inflexions de la musique à la façon d’un corps qui répond à ses envies, ses pulsions. A ses fuites, aussi. Le 20 janvier à Sainte-Maxime, le 23 à Vaulx-en-Velin, du 25 au 27 à Bruxelles…

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