DEBRÉ, PRÉNOM ROBERT

★★★ ROBERT DEBRÉ, UNE VOCATION FRANÇAISE, de Patrice Debré, Odile Jacob, 352 p., 23,90 €.

Dans la famille Debré, demandez Robert : père des centres hospitaliers universitaires (CHU), pédiatre précurseur et récipiendaire d’un prix Nobel (pour l’Unicef), ami de Paul Valéry… Robert Debré était tout cela et bien plus encore. Héritier d’une lignée de rabbins alsaciens, il avait choisi la voie de la philosophie à la Sorbonne, puis celle de la médecine. « Je ne crois pas en Dieu car la science me suffit », dit-il un jour à son petit-fils, auteur de ce portrait qui embrasse presque un siècle de l’histoire de France, de l’affaire Dreyfus à la loi sur l’IVG. Robert Debré se révèle, au fil des pages, l’un des piliers d’une incroyable famille de scientifiques, de médecins et de politiciens, chercheur et homme de lettres, humaniste et républicain. Jeune, il a été l’ami de Péguy quand celui-ci « cachait sa foi souterraine et naissante derrière le rejet de toute forme de culte », écrit élégamment Patrice Debré. L’admiration de l’auteur pour le parcours de son grand-père ne se camoufle pas sous un semblant d’objectivité. Il expose dans le détail, fort des documents, carnets et journaux laissés par « Debré », comme il l’appelle, les choix de ce défenseur de la recherche biomédicale et de la santé publique.

Son fils Michel, l’un des fondateurs de la Ve République, dit avoir appris grâce à lui « l’esprit de tolérance et le respect de la vie, le sens du réel, l’ardeur à bien remplir son existence, le goût de la science et des belles lettres ». Un condensé de ce que Robert Debré appelait l’« honneur de vivre ».