Le Figaro Magazine

LACQUY, AU-DELÀ DES MODES

Au fil des siècles, la propriété du bas Armagnac et son eau-de-vie se sont taillé une réputation d’excellence.

- STÉPHANE REYNAUD

Pour faire un bon armagnac, il faut juste un bon terroir, du bon raisin, un bon alambic… et de bons chais aussi » : Gilles de Boisséson présente avec légèreté les atouts de son domaine, producteur d’eau-de-vie depuis le XVIIIe siècle. Ici, entre forêt des Landes et coteaux du Gers, une géologie et un climat favorables associés à la fidélité d’une famille à ses alcools ont donné naissance à un petit miracle gustatif. Le château de Lacquy, 400 hectares au total, en compte aujourd’hui 22 dédiés à la vigne. « Nous aurions pu faire du vin blanc comme tout le monde dans le coin, mais nous avons préféré continuer à distiller nos bacos, colombards, folles-blanches et ugnis blancs. Chaque cépage donne lieu à un distillat. Ensuite, je me donne toute liberté pour réaliser les assemblage­s. 1996 est une eau-de-vie mixant baco et colombard alors que 1998 est un pur baco. Est-ce la meilleure méthode ? En tout cas c’est la nôtre. » La rondeur, la longueur en bouche, la douceur, notamment celle du XO, apportent une réponse évidente. Les étiquettes collées à la main – jamais vraiment à la même hauteur – comme le sobre flacon ajoutent au charme du produit, authentiqu­e, aussi artisanal que peuvent le fantasmer les consommate­urs urbains. L’armagnac de Lacquy affiche une grande constance, tant par son goût que par ses succès. Si bien que les plus anciens millésimes sont rares. « En plus, durant la Seconde Guerre mondiale, ma grand-mère, résistante de la première heure, avait monté un maquis sur la propriété, avec une unité qui comptait environ 80 personnes. Les stocks ont beaucoup diminué durant cette période », s’amuse Gilles de Boisséson. Lacquy produit 30 000 bouteilles par an « avec un objectif de 50 000 à terme pour bien servir les marchés américain et asiatique ». L’eau-de-vie est déjà largement distribuée du Japon au Brésil. Partout, la propriété du bas Armagnac compte des fans, « des initiés aux spiritueux haut de gamme, plutôt des hommes ». Le château de Lacquy reçoit aussi plus de 2 000 visites chaque année. Un spiritouri­sme plein d’avenir.

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Le domaine du Château de Lacquy est entré en 1711 dans la famille de l’actuel propriétai­re, Gilles de Boisséson.
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Les chais de la propriété.

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