L’APPEL DE LA SYRIE
MANQUENT À L’APPEL, de Giorgio Scianna, Liana Levi, 220 p., 18 €. Traduit de l’italien par Marianne Faurobert.
Roberto, Ivan, Anto et Lorenzo sont partis en Grèce pour leurs « premières vacances d’adultes » et ne sont pas rentrés. Selon le ministère des Affaires étrangères, ils ont désactivé leurs portables et ont été vus pour la dernière fois en Turquie. Adolescents lambda, fils aimés et aimants issus de familles aisées d’une province du nord de l’Italie, élèves appréciés des professeurs et de leurs camarades de classe, leur disparition est une énigme. Jusqu’à ce que se dessine l’inconcevable : ils ont rejoint la Syrie. Durant quatre mois, deux fois par semaine, les parents des quatre garçons rencontrent le commissaire Cassini qui les informe de l’avancée de l’enquête. L’impuissance cède au désespoir, l’incompréhension à la colère. Un soir de novembre, Lorenzo rentre chez lui. Hagard. Seul. Où sont ses camarades ? Pourquoi sont-ils partis ? Les familles, la police, le lycée, tous veulent des réponses. Lorenzo, lui, se mure d’abord dans le silence. Avec des chapitres courts empruntant parfois au théâtre, l’auteur alterne entre le récit fragmenté de Lorenzo et l’attente des proches. Leur lecture s’avère tour à tour effrayante, déroutante, émouvante. Dans un style sobre et d’une efficacité saisissante, Giorgio Scianna décortique froidement ce qui pourrait être les motivations d’une certaine jeunesse à s’engager aux côtés de l’Etat islamique. Un roman coup-de-poing. MARIE ROGATIEN