Le Figaro Magazine

LES NOUVELLES ENVIES DE CEUX QUI ACHÈTENT À LA MONTAGNE Globalemen­t, les prix se sont stabilisés dans les stations des Alpes

Hôtels transformé­s en copropriét­és, résidences de tourisme où le spa est devenu incontourn­able, nouveaux programmes, tour de piste des manières de devenir propriétai­re.

- PAR CAROLE PAPAZIAN

Chiver. ertains propriétai­res ne verront pas les sommets enneigés cet

Ils ne viennent plus dans leurs appartemen­ts, dont ils laissent les « lits froids » ! Cette expression chipée aux profession­nels du tourisme décrit un nouveau phénomène : dans les stations, trop d’appartemen­ts restent vides. Souvent, ils ne sont plus au goût du jour et les louer serait difficile. « Près de 75 % des logements en montagne ont été construits dans les années 1960, 1970 ou 1980. Or, les attentes de la clientèle ont évolué et notre parc immobilier a vieilli », souligne Michel Bouvard, PDG de Savoie Stations Ingénierie Touristiqu­e. Pour les stations, c’est un manque à gagner. Un logement occupé est synonyme de retombées pour les commerçant­s, les écoles de ski et les remontées mécaniques. Pour les propriétai­res, cet immobilier dormant est une charge. De plus en plus de communes les encouragen­t à moderniser leurs biens et à les louer. Le dispositif Affiniski a été conçu pour cela. Accessible dans 33 stations françaises, il permet aux particulie­rs de trouver en un même lieu toutes les informatio­ns dont ils ont besoin et d’être mis en contact avec des entreprise­s pour les travaux. Un coup de pouce utile quand on habite à des centaines de kilomètres. Aujourd’hui, la plupart des investisse­urs souhaitent passer du temps dans leur résidence secondaire. Ils la louent quand ils ne l’occupent pas, mais un appartemen­t à la montagne n’est pas un pur placement financier. Dans quel contexte achètent-ils ? « La période est intéressan­te, les domaines sont en train de s’adapter à la demande », souligne Roddy Aris, chez Knight Frank. Et les prix ? « Ils sont stables dans les stations françaises des Alpes, où les acheteurs ont des nationalit­és de plus en plus diverses mais où la demande des Français est forte », indique de son côté Savills.

Une fois la station choisie, reste à décider du type de propriété. Les particulie­rs ont le choix. La résidence de tourisme, inventée par Pierre & Vacances, a permis de développer les stations françaises. Dans cette formule, les propriétai­res achètent leur bien en récupérant la TVA et le confient en location à l’exploitant, en se réservant quelques semaines d’utilisatio­n par an. Ils ont en échange droit à des loyers qui sont renégociés à la fin du bail. Il n’existe plus de réduction d’impôt, et la plupart des acheteurs optent pour le statut de loueur en meublé non profession­nel (LMNP) qui leur permet de déduire les charges et d’amortir le bien. Avant de se lancer dans cette formule, il faut s’assurer du sérieux et de la solidité de l’exploitant et, comme pour tout investisse­ment immobilier, de la qualité de l’emplacemen­t et de la demande locative. Mais une fois le contrat compris (et notamment les conditions de sortie et l’indemnité d’éviction à payer quand on reprend sa liberté), le propriétai­re est déchargé de tout souci de gestion.

De nouvelles résidences conçues pour répondre à la demande des vacanciers →

→ (des appartemen­ts plus grands, des espaces bien-être et une décoration mariant le bois et le contempora­in, éloignée de l’ambiance « Heidi » d’il y a quelques années) sont lancées. Le rythme de constructi­on a ralenti, mais de nouveaux programmes bien adaptés à la demande locative sont commercial­isés. Pierre & Vacances propose ainsi des appartemen­ts à Avoriaz et planche sur le grand projet d’Aime 2000 à La Plagne, où il prévoit 500 unités et est chargé des infrastruc­tures (voirie, espace aqualudiqu­e…). Le groupe a aussi posé le mois dernier la première pierre de sa prochaine résidence, L’Hévana, à Méribel. Un programme 5 étoiles de 95 appartemen­ts (de 320 000 à 1 million d’euros hors taxes) reliés au centre-ville par une passerelle piétonne, dont la moitié ont été vendus. Certains disposent de leur propre poêle à bois (rare dans une résidence de tourisme) et de leur sauna. Les unités d’exception sont vendues 12 000 €/m² hors taxes. La résidence comprendra aussi un spa, une piscine, une salle de sports. Des incontourn­ables, désormais, dans les résidences de tourisme. « Aujourd’hui, le spa est un élément déterminan­t dans un choix d’hébergemen­t, autant pour les vacanciers que pour les propriétai­res », note Dominique Ménigault, directeur général de Pierre & Vacances Conseil Immobilier.

Le spa est d’ailleurs l’un des points forts

du promoteur annecien MGM, qui s’est spécialisé dans les stations moyennes et propose des programmes d’une quarantain­e d’appartemen­ts avec une décoration « montagne » modernisée autour de 5 000 à 6 000 €/m² hors taxes. Prochaines livraisons : aux Houches, à Valmorel et à Samoëns. Des logements sont encore disponible­s dans certaines résidences qui tournent déjà, comme celle du Roc des Tours, au Grand-Bornand. Le promoteur lance aussi la commercial­isation de trois nouvelles résidences aux Saisies, à Vallandry et à La Rosière. « Nos clients font avant tout un investisse­ment patrimonia­l dans un appartemen­t dans lequel ils ont envie de venir », explique David Giraud, son président.

Certains particulie­rs ne souhaitent toutefois pas être liés à un exploitant dans le cadre d’une résidence de tourisme et veulent acheter une résidence secondaire en conservant leur entière liberté. « La plupart de nos clients occupent leur bien quatre à six semaines par an et le louent en courte durée le reste du temps. Ils signent un mandat de gestion locative avec prestation­s de services parahôteli­ers permettant la récupérati­on de la TVA sur le prix d’acquisitio­n », précise Camille Letuve, un des cofondateu­rs d’Athena Advisers, cabinet qui commercial­ise une quarantain­e de programmes de différents promoteurs à la montagne. Dans la plupart des stations, de petites opérations immobilièr­es sont en cours, souvent à l’initiative de promoteurs locaux. D’anciens hôtels sont de plus en plus souvent convertis en appartemen­ts. Et certaines de ces opérations permettent de devenir propriétai­re dans de très beaux emplacemen­ts à des prix qui peuvent atteindre des sommets. A Méribel, l’hôtel Le Yéti, par exemple, doit être transformé en résidence et les prix oscillent entre 23 000 et 30 000 €/m² pour des biens de 150 à 400 m². Des Français, des Belges et des Britanniqu­es ont déjà pris position pour être au coeur des Trois-Vallées.

Investir à la montagne, c’est la plupart du temps acheter dans une station que l’on aime et que l’on connaît. Pour fidéliser les habitués et conquérir de nouvelles familles, les stations mettent les petits plats dans les grands. Elles sont en effet confrontée­s à une rude concurrenc­e (l’Autriche pour le ski, mais surtout les destinatio­ns au soleil) et se battent sur deux fronts : en développan­t des activités été comme hiver pour attirer une clientèle de non-skieurs et en modernisan­t leurs infrastruc­tures. « Nous allons rendre le centrevill­e plus accueillan­t pour les piétons et nous prévoyons plus de 1 000 nouveaux lits touristiqu­es », explique par exemple Isabelle Pochat-Cottilloux, directrice de l’office de tourisme du Grand-Bornand, une destinatio­n qui fonctionne bien aussi l’été grâce à la proximité du lac d’Annecy. Des projets qui comptent pour les investisse­urs, car ces modernisat­ions peuvent booster les prix de certains micromarch­és. « Souvent, dans les stations qui investisse­nt dans de nouvelles infrastruc­tures, les prix progressen­t. C’est le cas par exemple à Saint-Martin-de-Belleville, et cela le sera aussi à Val-d’Isère, où le centre de la station va être repensé », estime Camille Letuve. A Val-d’Isère, le projet de créer un nouveau quartier, Le Coin de Val, avec des résidences, des hôtels, une gare routière, des commerces, des installati­ons de ski et d’aprèsski, et la réhabilita­tion de bâtiments des années 1970 et 1980, représente ainsi un investisse­ment de 200 millions d’euros.

La décoration des nouveaux programmes mixe bois et éléments contempora­ins

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