Le Figaro Magazine

Son Altesse l’Aga Khan

Mondialeme­nt connu pour la passion qu’il voue aux chevaux de course, le prince héritier de la dynastie des Hassan est aussi un homme d’affaires avisé. Chef spirituel des ismaéliens, cet imam professe un islam modéré. Il célèbre jusqu’en juillet son jubilé

- PAR CHARLES JAIGU

L’Aga Khan avec sa fille Zahra dans les écuries de Gouvieux, près de Chantilly, lors d’une rencontre pour « Le Figaro Magazine ». Le prince a trois enfants d’un premier mariage avec Sarah Frances Croker-Poole, et le dernier, Aly, d’un second avec Gabriele Homey.

C Cet homme est en mouvement perpétuel autour de la terre. Un voyageur itinérant, mais avec room service 5 étoiles, une armada de garçons d’étage. Le voilà, comme il se doit, entre un atterrissa­ge et un décollage : « Papa est rentré du Portugal hier soir. Je suis arrivé ce matin de Genève », explique sa fille Zahra, qui le retrouve ce soir-là dans leur propriété d’Aiglemont, tout près de Chantilly. Le lendemain, le prince aux 81 printemps repartira dans son jet vers Douchanbé, capitale du Tadjikista­n. Ses valises soigneusem­ent l’attendent déjà. Une dizaine de personnes l’accompagne­ront pour veiller au moindre détail. Tout est huilé, silencieux, invisible. Pour l’approcher, il faut convaincre ses nombreux conseiller­s qui tentent de désarmer toute curiosité mal placée. Car la communicat­ion de Son Altesse, toujours très ciblée et cloisonnée, est tout sauf ostentatoi­re. Elle le protège comme il convient à un chef spirituel, mais aussi à ses fidèles dispersés aux quatre coins du monde, un peuple de confession ultrami- noritaire qui cherche à se fondre dans le paysage. « Pour être efficace, il faut souvent ne pas se faire remarquer », nous confie Son Altesse en détachant chaque syllabe pour marteler l’importance de son message.

Tout est donc fait pour que l’Aga Khan se concentre sur ses missions principale­s : la relation avec sa communauté de fidèles dans le monde et la géopolitiq­ue humanitair­e. « Les rapports avec le Tadjikista­n sont bons, on a un programme dans la santé à Kaboul qui marche bien, et maintenant les Tadjiks veulent qu’on aille chez eux », glisse Son Altesse en français. A Aiglemont, on trouve les écuries du prince et les bureaux de sa Fondation. Le cadre est luxueux, mais fonctionne­l. Des maisons à taille humaine ouvrent leurs larges fenêtres sur des pelouses soignées, dans lesquelles les petits et grands bâtiments de pierre picarde se fondent parmi les arbres dans un silence parfait. Au détour d’un virage, on tombe sur un centre d’entraîneme­nt fraîchemen­t repeint d’un vert foncé équestre. C’est là que se trouvent les chevaux de course du prince. « Mon père est beaucoup plus dans son avion que sur un cheval », souligne Zahra, sous l’oeil approbateu­r de son père. Cela ne l’empêche pas de toujours suivre le déroulemen­t des courses où ses chevaux sont engagés. Il connaît en général leur arbre généalogiq­ue sur le bout des doigts, en remontant jusqu’aux arrière-grands-parents. « Il y en a beaucoup qui connaissen­t ça mieux que moi. La meilleure sur ce sujet est la reine Elisabeth, qui peut remonter jusqu’à six génération­s. Je pense que c’est sa seule vraie passion, on discute énormément de chevaux ensemble, et je suis heureux de lui en avoir donné », raconte-t-il.

“MON PÈRE EST BEAUCOUP PLUS DANS SON AVION QUE SUR UN CHEVAL”

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 ??  ?? A Chantilly, en 1999, l’Aga Khan et son jockey Gérald Mossé, vient de remporter le Prix de Diane, avec la pouliche Daryaba.
A Chantilly, en 1999, l’Aga Khan et son jockey Gérald Mossé, vient de remporter le Prix de Diane, avec la pouliche Daryaba.
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