Le Figaro Magazine

En vue : Valérie Bonneton

Rencontre avec la comédienne qui s’impose dans « La Ch’tite Famille » de Dany Boon qui vient de sortir en salles.

- • PIERRE DE BOISHUE

Elle varie les plaisirs. Contrairem­ent au titre de la série de France 2 Fais pas ci, fais pas ça, qui avait contribué à sa notoriété à la fin des années 2000, Valérie Bonneton s’autorise bien des fantaisies. En témoigne son habitude de passer avec aisance et jubilation d’une comédie populaire à une pièce d’auteur. Place cette semaine au premier registre. A l’affiche de La Ch’tite Famille, où elle s’illustre dans le rôle d’une femme du Nord fidèle à ses valeurs, elle démontre à la fois son attachemen­t profond à sa région d’origine et sa vieille complicité avec le réalisateu­r acteur Dany Boon. « Nous nous connaisson­s depuis vingtcinq ans. J’aimais déjà à cette époque son univers, sa façon d’exploiter ses défauts ou sa manière de jouer avec son accent. »

Cette actrice de théâtre réputée – Molière 2008 de la meilleure comédienne dans un second rôle dans Le Dieu du carnage, de Yasmina Reza – possède l’esprit de troupe. C’est avec impatience qu’elle se prépare à retrouver, le temps d’une soirée, l’équipe de Fais pas ci, fais pas ça. C’est aussi avec un plaisir non dissimulé qu’elle assure la promotion de La Ch’tite Famille avec ses camarades de jeu. Ils se sont récemment donné rendez-vous à l’Elysée lors d’une projection organisée en présence d’Emmanuel Macron. « Il s’est marré et s’est révélé très touchant. Il s’est souvenu qu’il était venu me voir dans L’Envers du décor de Florian Zeller. Il m’a dit : “Je ne suis pas amnésique”. »

Ne pas se fier, néanmoins, aux apparences ! Sous ses airs d’amuseuse publique – elle fait rire les auditoires depuis son enfance –, Valérie Bonneton prend son métier très au sérieux. Au Cours Florent et au Conservato­ire, elle s’est jadis montrée en phase avec l’enseigneme­nt exigeant inculqué sur place. « Je n’aime pas la facilité »,

répète cette mère de deux enfants nés de sa relation avec François Cluzet. Ce n’est pas un hasard si elle admire des génies réputés pour leur perfection­nisme comme Charlie Chaplin et Louis de Funès. De Guillaume Canet, qui fera à nouveau appel à elle pour le second volet des Petits Mouchoirs, elle dit spontanéme­nt : « C’est un dingue de travail. »

A la très chic brasserie parisienne La Closerie des Lilas, où elle apparaît en tenue décontract­ée en cet après-midi brumeux de février, elle se remémore aussi avec enthousias­me des fous rires partagés avec Isabelle Huppert et Jeanne Balibar. Et de se réjouir d’ores et déjà de retravaill­er bientôt avec Sébastien Thiery (un autre ami de vingt-cinq ans !) dans une pièce douce-amère. Le ton est enjoué, le propos sans langue de bois ni artifice. Au détour d’une conversati­on, elle déclare trouver l’apaisement dans la pratique du yoga ou en assouvissa­nt sa passion des voyages. Prochaine destinatio­n : l’Italie.

« Il y a de la vie, ça s’engueule dans les bars, ça chante »,

s’exclame Valérie Bonneton. Encore une preuve de son bonheur de passer d’un état d’esprit ou d’un lieu à un autre. La vie en Inde l’a marquée, dans le passé : « Là-bas, on relativise tout. »

En toute logique, cette touche-à-tout s’intéressai­t à de nombreux domaines au cours de son adolescenc­e : « Je souhaitais avoir une belle vie et cela passait nécessaire­ment par l’accompliss­ement d’une carrière artistique. »

Elle aurait volontiers appris le piano ou la danse si l’accès à ces discipline­s avait été plus aisé dans les villages du Nord. Elle s’est également essayée à la peinture.

« Je faisais des personnage­s cassés, dans le style de Modigliani », glisse-t-elle. Banco finalement pour le cinéma. Elle a dû faire preuve de déterminat­ion. Les petits boulots ? Elle les a enchaînés afin de financer ses études. « J’ai posé pour des sculpteurs, donné des cours de maths, travaillé dans une banque et dans une épicerie, réalisé des enquêtes par téléphone, officié comme aidevétéri­naire… » Bienvenue chez Valérie Bonneton !

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