Le Figaro Magazine

LA FONT DES PÈRES ENRICHIT L’APPELLATIO­N BANDOL

Le spécialist­e du caviar Philippe Chauvin redonne vie à un domaine de Bandol planté dans les années 80.

- STÉPHANE REYNAUD

Une bonne partie de sa vie profession­nelle fut consacrée à la recherche des meilleurs oeufs d’esturgeon russes, iraniens, chinois, français… A dire vrai, la maturité sexuelle des poissons lui parle plus que les fermentati­ons malolactiq­ues. Pourtant, il y a quelques années, après avoir réalisé de bonnes affaires, Philippe Chauvin décide de s’installer dans le sud de la France. Pas d’attache sur place, mis à part quelques souvenirs d’une maison de vacances à La Cadière-d’Azur. On lui propose d’acquérir un domaine viticole de 7 ha en appellatio­n Bandol. « Je me suis rendu sur place et j’ai eu un coup de foudre pour ce site exposé au nord, ses dizaines de restanques, des terrasses accrochées à la colline entre 200 et

340 m d’altitude, l’ensemble face au massif de la Sainte-Baume, d’une beauté à couper le souffle. En 2010, j’ai donc décidé d’être vigneron à plein-temps, bien conscient de ne pas connaître le monde du vin mais partant du principe que je maîtrisais les ressorts de l’in- dustrie alimentair­e. » L’affaire ne sera pas si simple. Certes, l’accueil est plutôt bon, mais le projet est ralenti par des démarches administra­tives complexes, des permis de construire refusés. Quelques grincheux ont vite fait de surnommer « le Russe » ce Parisien qui a réussi dans l’univers des petits grains noirs. Lui en rit, et le domaine revit. Aujourd’hui, La Font des Pères – du nom de la route qui passe devant la propriété, empruntée autrefois par des moines cistercien­s – produit 25 000 bouteilles dans les trois couleurs avec une prédominan­ce du rouge : un mourvèdre (avec 10 % de grenache) réussi, des blancs élégants réalisés à partir d’ugni blanc et de clairette et des rosés (mourvèdre, grenache, cinsault) qui n’ont pas peur de la garde. Une gamme complète dont le fleuron est composé des bandols, suivis d’honorables côtes-de-provence et de cuvées en IGP. A terme, Philippe Chauvin envisage de faire passer la surface de vignes à 20 ha. Surtout, le domaine se dote d’une capacité d’hébergemen­t significat­ive avec plus de 30 lits et 60 à terme. La ferme-auberge va ouvrir cet été. Entre-temps, l’homme d’affaires a repris du service dans le négoce du caviar. Il n’est pas impossible que quelques accords osciètre-bandol soient un jour proposés à la Font des Pères.

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Le domaine de La Font des Pères, posé entre 200 et 340 mètres d’altitude. Ci-dessous, les propriétai­res, Caroline et Philippe Chauvin.
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