Les insolences d’Eric Zemmour
Il n’a pas pu s’en empêcher. Il savait ce qu’on penserait, ce qu’on dirait ; il savait qu’on se moquerait. François Hollande connaît trop bien les mécanismes
médiatiques pour ignorer les réactions des uns et des autres à ses moindres propos. Il savait qu’on dirait qu’il ne supporte est aigri, pas jaloux de voir ; qu’il son est fils comme s’émanciper un père et qui le pas pu s’en dépasser. empêcher. Il n’ignorait rien de tout cela. Mais il n’a Il avait déjà dénoncé il y a quelques mois les « sacrifices inutiles » lors de la réforme du code du travail et on avait crié haro sur le socialiste ringard. C’était injuste, car l’embellie économique dont se targue son successeur est - entre autres - le fruit des décisions prises par le président Hollande en faveur des entreprises au début de son quinquennat. Cette fois, il défend dans une interview solennelle accordée au Monde le sort des Kurdes bombardés par les Turcs d’Erdogan et abandonnés à leur sort par leurs anciens alliés occidentaux. Hollande fait contre Macron ce que Sarkozy avait fait contre lui lorsqu’il était sorti de ses vacances d’été pour dénoncer l’inaction française face au massacre de Syriens par les avions d’Assad.
Décidément, nos deux jeunes retraités de l’Elysée sont bien frères jumeaux : ils croient tous deux que l’humanitaire est la posture médiatico-politique idéale pour incarner le rôle de l’homme d’Etat. Ils n’ont toujours pas compris la raison profonde de leur désamour avec les Français. Ils n’ont pas compris que cette posture humanitariste est excellente pour briller dans une émission de divertissement ou grimper dans la hiérarchie des personnalités les plus aimées des Français, mais pas pour être président de la République. Un chef d’Etat, lui, ne pleure pas sur le malheur du monde, mais défend les intérêts de la France et des Français. Un président de la République n’est pas un dirigeant d’ONG humanitaire, mais un roi de France. C’est la grande leçon qu’a comprise Emmanuel Macron. Il tient son rôle de monarque. Peu importe que cela ne soit qu’un rôle pour cet acteur amateur, il le joue avec conviction et c’est tout ce qu’on lui demande. Peu importe qu’en l’occurrence, Hollande n’ait pas tort de dénoncer l’ingratitude des Occidentaux envers des Kurdes qui furent nos meilleurs alliés contre Daech.
Mais il ne devrait pas revenir sur l’affaire syrienne dans laquelle il s’est ridiculisé - et nous a ridiculisés -, d’abord va-t-en guerre échevelé pour punir les Syriens, coupables, paraît-il, d’avoir utilisé des gaz chimiques contre leurs adversaires, puis, repliant piteusement ses gaules et ses Rafale quand le grand frère américain Obama l’abandonnait en rase campagne.
Ce n’est pas Hollande qui a réglé la question syrienne avec son humanitarisme néoconservateur, mais Poutine avec ses conceptions archaïques d’Etat-nation qui ne connaît que les rapports de force et qui, en sauvant le dictateur Assad, a du même coup détruit la base territoriale de Daech. Hollande n’ignorait rien de tout cela. Mais il n’a pas pu s’en empêcher.
Un président de la République n’est pas un dirigeant d’ONG humanitaire, mais un roi de France