Le Figaro Magazine

LE GRAND DÉFI DU SERVICE NATIONAL UNIVERSEL

- LA CHRONIQUE DE FRANÇOIS D’ORCIVAL

Comment les autorités convaincro­nt-elles les appelés de répondre à l’appel ?

« A satisfait à ses obligation­s militaires ». Le timbre de la République faisait office de brevet pour entrer dans la vie active. Emmanuel Macron est bien décidé à retrouver le modèle en remplaçant service militaire par service national. Il ne s’agit plus d’appeler les jeunes hommes au service des armes mais, pour la première fois, les garçons et les filles, au service de l’intérêt général. C’est une affaire d’intégratio­n. Inutile de se le dissimuler, la question centrale est d’extraire du chômage et de la rue les quelque cent mille « décrocheur­s » annuels du système scolaire (le « stock », comme on dit, atteint les 450 000) dont la majorité d’entre eux sont des garçons enfants de l’immigratio­n ou nés à l’étranger.

Il ne faudrait pas croire que ceux-ci soient abandonnés. Toutes sortes de programmes de rattrapage, de réinsertio­n, ou de seconde chance ont été tentés pour eux. Or pour que cela marche, encore faut-il les repérer, les identifier, et les contacter. Une fois ce parcours accompli, 40 % au moins disparaiss­ent, ou ne donnent pas suite. Jusqu’à présent, on leur laisse la liberté du choix : ils peuvent « raccrocher » ou retourner à la rue…

Si service national il y a, c’est évidemment pour être universel et obligatoir­e pour tous les 16-25 ans… C’est le noeud du problème : il faudra s’assurer que tous les jeunes gens concernés répondent à l’appel… Et quelle sanction encourraie­nt-ils en cas de refus ? Quand Jacques Chirac a « suspendu » le service national en 1996, il avait tous les arguments militaires pour le décider. Une raison supplément­aire l’a convaincu : le fait qu’aux dispensés et sursitaire­s s’ajoutait un nombre grandissan­t de « déserteurs » – les « décrocheur­s » de l’époque… Lorsque les préfets recevront les futures convocatio­ns au service national, comment convaincro­nt-ils les appelés (surtout les garçons) de se présenter ? En leur parlant de solde, de permis de conduire, de CAP ? Certes. Et les autres ? On souhaite bon courage aux gendarmes qui devront les cueillir dans ces « territoire­s perdus » où la police ne pénètre plus. Là est le grand défi pour l’autorité de la République.

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