BIBLIOTHÈQUES : COMBINAISONS GAGNANTES
Architecturées, lumineuses, multifonctionnelles, extensibles… Elles se plient à tous les désirs.
Nuage. Un nom, une icône du design. Cette bibliothèque dessinée en 1954 par Charlotte Perriand a concrétisé les codes de la modularité. Elle est l’aboutissement d’une longue réflexion sur le rangement. Après un grand voyage au Japon, en 1941, la collaboratrice de Le Corbusier imagine un design flexible misant, avant tout, sur la fonctionnalité et l’esthétisme afin de répondre aux besoins de l’utilisateur. Làbas, elle découvre la richesse de composition offerte par l’assemblage d’éléments normalisés et standardisés. Elle baptise « nouvelle quincaillerie », le mélange de matériaux différents utilisés pour créer des modules. A l’image des casiers métalliques aux couleurs primaires qui sont devenus le symbole de la bibliothèque Nuage, ils se détachent de manière asymétrique en laissant des espaces vides pour y placer oeuvres d’art ou bibelots. Comme un jeu de géométrie qui structure l’espace. « A Kyoto, dans la villa Katsura du XVIIe siècle, j’avais remarqué des tablettes disposées sur un mur, en forme de nuage, avec des plots en aluminium, forme libre qui rythme un espace et met en valeur les objets que ces tablettes supportent », expliquait la designer. Aujourd’hui, Cassina continue de rééditer cette icône à l’origine des bibliothèques modulables qui lui succéderont. Un jeu de cubes analogue fait partie du catalogue Vitra. Il est signé par les Eames et s’appelle ESU Shelf Unit : un modèle du genre. Du côté de la Suisse, USM s’impose depuis cinquante ans comme le champion de la modularité avec son système de caissons de couleur sur une structure métallique à monter comme un jeu de construction. En fait, un assemblage de tubes d’acier reliés par des boules boulons permettant une infinie possibilité de solutions. Un meuble USM accompagne toute une vie, la bibliothèque étant l’une des pièces majeures d’un intérieur. « C’est un mobilier très demandé car il est central. Il est le reflet de notre personnalité, de notre savoir. C’est une vitrine », rappelle Laurent Crochet, →
C’est un mobilier très demandé car il est central. Il est le reflet de notre personnalité
→ le directeur France. USM, bien qu’ancré sur ce marché, n’oublie jamais d’anticiper les évolutions futures. Avec la dématérialisation des objets, l’entreprise a imaginé des structures porteuses d’électricité sans faire apparaître de fil. Comme une lampe, le meuble se branche et devient ainsi conducteur.
Dans le même style, en plus pastel,l’éditeurdanoisMontana mise, avec ses 36 éléments, 42 coloris, 7 finitions différentes, sur un esprit toujours très épuré. Son modèle Weave joue à la fois sur l’aspect déstructuré et les fameux Panton Wire, des casiers en fil d’acier du grand Verner Panton qui s’accumulent pour un style purement industriel. Classique et fonctionnel, ce mobilier peut aussi créer la surprise. Pour l’esprit psychédélique, Cappellini a, quant à lui, édité un modèle, signé par le duo de designers Junpei et Iori Tamaki, qui donne à voir un kaléidoscope où deux rangées de cylindres s’entrecroisent. Chez Instabilelab, le papier peint bibliothèque joue à merveille l’illusion d’optique et laisse tout de même apparaître de véritables cases de rangement. Mais celui qui étonne sans doute le plus reste la bibliothèque de Sou Fujimoto éditée par Alias d’où peut se détacher, telle une pièce de puzzle, une chaise avec étagères intégrées. Sculptural, architectural et poétique. ■