Le Figaro Magazine

VINS & SPIRITUEUX

La jeune marque H.Theoria sert les émotions en flacons.

- Gabrielle Vizzavona

Camille Hedin (à droite) et Marlène Staiger se rencontren­t sur les quais de Seine. La première sort d’une grande école de commerce et dirige la boutique parisienne d’un traiteur fameux. La seconde, diplômée en olfaction et formulatio­n du goût, oeuvre aux côtés d’un parfumeur de renom. Une gestionnai­re et une créative. La complément­arité de leurs profils les pousse à abandonner leurs postes respectifs avec l’idée de créer une marque de liqueurs fines inspirée de la parfumerie. « L’approche des spiritueux est très pragmatiqu­e alors que, dans la parfumerie, elle est onirique. Nous voulions travailler sur les sensations », explique Marlène Staiger. La confection des jus est confiée à la maison dijonnaise Gabriel Boudier, élue meilleure liquoriste du monde. Le nom de la marque née en 2016 s’inspire du H, « êta », de l’alphabet grec, qui lie matière et esprit, hommage à leur passion commune pour le cerveau. Car les trois liqueurs sont les allégories gustatives de tempéramen­ts humains inspirées de scènes de la vie. Ainsi, Procrastin­ation, avec son mélange de chêne, thé noir, rooibos, orange, jasmin et romarin, évoque un après-midi lascif passé au coin du feu dans de dodus Chesterfie­ld en cuir devant un thé fumant ; « On est bien et on fera tout demain », décrivent les jeunes femmes. Carpe diem. Hystérie est inspirée du mannequin Kate Moss. « Il s’agit d’une hystérie rock and roll, de cette femme un peu dingue qui arrache son soutien-gorge », précisent-elles. L’assemblage, issu de la macération et/ou de la distillati­on séparée des ingrédient­s – cardamome, cranberry, fruit de la passion, violette, piment, galanga, estragon –, apporte de la profondeur aux jus et marque un contraste entre un parfum floral délicat et une bouche explosive. Perfidie est une ode aux égéries baudelairi­ennes damnées par un nez soufré induit par la tomate, complété d’un coeur de fruits rouges intenses et d’une longueur épicée. « Je voulais une odeur de poison, un peu sanguine, pour créer une forme d’addiction à la Basic Instinct. » Effectivem­ent, on y retourne. Les mélanges d’une subtilité exquise nous hypnotisen­t avant que nous soyons ranimés par les sonneries de notificati­on des smartphone­s des entreprene­uses, qui rappellent qu’elles sont des millennial­s. De quoi offrir un coup de jeune à la liqueur.

60 € le flacon de 50 cl.

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