FRANÇOIS ET LE VEAU D’OR
★★★ NAGER DANS LES DOLLARS, de François Marchand, Editions du Rocher, 146 p., 15,90 €.
C’est un pauvre type, employé à Canes Pugnax, société de recouvrement de créances, qui tombe sur l’affaire de sa vie : la société Adsum a contacté ses employeurs pour leur signaler l’arnaque dont elle a été victime. Un certain Mandarin lui aurait volé 15 millions d’euros. Le tocard se dit qu’il va récupérer la somme, et la garder. Pour ce faire, il quitte Canes Pugnax en annonçant partir « ouvrir un club
de kitesurf en Thaïlande ». Il apprend à devenir cadre (et à ne pas mettre de cravate car « il n’y a plus que les vigiles et les vendeurs des Galeries Lafayette qui en portent »), passe des entretiens d’embauche où tout le monde répète à l’envi les mots « ADN », « stratégie » et
« agilité », puis pénètre chez Adsum où il s’occupera du
« bitoubi », « des KPI de croissance et de parc d’usage » et des PowerPoint, le but étant de récupérer des informations sur le filou évaporé. Alors que Paris est en pleine ébullition – « l’organisation des Jeux olympiques de la fierté pédophile » est un vrai succès et le pavillon Outreau est le plus populaire –, notre détective raté enquête, progresse et débusque finalement Mandarin en Alabama, où un curé camerounais, le père Tokoto, arrachera un drapeau confédéré pour voler l’argent enterré, au grand dam des Blancs locaux peu progressistes qui ne tardent pas à défourailler.
François Marchand, qui a peu de rivaux pour se moquer de tout ce qui est ridicule dans notre monde moderne, est en grande forme. La preuve : il a réussi une fois de plus à caser les mots « bretelle » et « rocade » dans ce nouveau roman (le vocabulaire routier l’amuse beaucoup). La messe est dite.