CRAVATE TRICOT, UN BON POINT
Jean d’Ormesson semblait beaucoup apprécier la cravate tricot. Certainement car elle était le témoin de deux convictions profondes : l’envie de toujours rester dignement vêtu, le col de chemise noué d’une cravate, oripeau d’un formalisme gratuit et sans usage, et l’envie de se libérer du carcan classique, pour glisser vers plus de décontraction.
La cravate tricot concilie les contraires, à la fois dans l’ancien monde et dans le nouveau. Elle est apparue très tôt dans l’histoire de la mode masculine, probablement aux Etats-Unis dans les années 1920. De nombreuses photographies de l’auteur de Gatsby le
Magnifique, Francis Scott Fitzgerald, dévoilent son goût pour les cravates tricotées, parfois scandées de bandes horizontales. Les Américains, par la suite, ne semblent pas renier cet esprit moins conventionnel, de Cary Grant à Paul Newman en passant par John Fitzgerald Kennedy. Il faut attendre les années 1950 pour que cet accessoire traverse l’Atlantique et arrive en Europe. Les Beatles, encore minets, arborent cette nouveauté, signe d’un attachement à la convenance, et en changent un peu l’image classique. Obtenue sur un métier à tricoter avec de la soie ou du coton, la cravate tricot se finit le plus souvent à l’horizontale par un léger bord-côte. Plutôt étroite, elle peut être unie ou bien parsemée de motifs tricotés dans la masse comme les rayures ou rebrodés comme les pois. Si elle se termine par une pointe, la matière n’a pas été tricotée mais tissée sur un métier à plat. Il s’agit alors de grenadine. Si la grenadine s’avère très fine, le tissu prend alors le nom d’étamine de soie. Marine ou lie-devin, elle est une pièce essentielle de toute penderie qui se respecte. Absolument intemporelle, la cravate tricot apparaît systématiquement comme moderne aux jeunes générations : un fait assez rare pour être souligné.