L’ÉDITORIAL de Guillaume Roquette
L’ÉTAT MONTRE TROP SOUVENT L’EXEMPLE EN MATIÈRE DE JE-M’EN-FOUTISME
Plus d’un million d’euros, et sans doute même beaucoup plus : la facture des occupations de facs sera salée. De Paris-Tolbiac à Toulouse et Montpellier, les envahisseurs n’ont pas seulement empêché une majorité d’étudiants de poursuivre leurs études et de passer leurs partiels, ils ont méticuleusement dégradé les lieux, brisant le mobilier, détruisant les serveurs informatiques, maculant de tags les murs des amphis.
A Tolbiac, où le blocage a duré un mois, les reportages montrent des locaux dévastés. Mais à en croire la présidente de l’Unef, syndicat étudiant en pointe dans le mouvement, les dégradations seraient dues « notamment »… aux forces de l’ordre ! C’est bien connu, les CRS ont pour habitude de vandaliser les lieux qu’ils évacuent (on ne sait jamais, les tables et les chaises pourraient se rebeller) ou de taguer sur les murs des slogans comme
« Macron, le peuple aura ton fion » (sans doute pour se faire bien voir de leur hiérarchie). Trêve de plaisanterie, ce vandalisme estudiantin n’a semble-t-il choqué aucun des acteurs du mouvement, ni les syndicats ni les leaders politiques d’extrême gauche et autres agitateurs qui se sont succédé dans les facultés occupées. Apparemment, tout est permis au nom de la révolution.
Bien sûr, on peut expliquer un tel scandale par le nihilisme de ces rebelles de pacotille. Mais on peut aussi y voir, poussé à l’extrême, le syndrome d’une désinvolture très française vis-à-vis de la ressource publique. Comme s’il était moins grave de dégrader un bâtiment officiel que sa propre maison. Parce qu’après tout, comme disait François Hollande, « c’est l’Etat qui paie ».
Le problème, c’est que l’Etat, ce n’est personne, surtout quand près de 60 % des foyers fiscaux échappent à l’impôt sur le revenu. Oui, les étudiants casseurs sont à blâmer sans équivoque, et on espère que les poursuites engagées permettront de retrouver les coupables. Mais malheureusement l’exemple vient de haut en matière de je-m’en-foutisme dans la dépense publique. Faut-il rappeler que l’Etat a endetté chaque Français à hauteur de 37 000 euros pour financer au fil des ans ses politiques dispendieuses ? Ce même Etat qui promet sans cesse de se serrer la ceinture mais augmente son passif de 2 600 euros par seconde ! On ne peut évidemment pas reprocher au seul pouvoir actuel une gabegie dont ses prédécesseurs sont collectivement responsables. Mais au moins peut-on espérer de lui un changement de cap. Or ce n’est pas encore gagné : regardez comment l’Etat s’apprête à redistribuer à certains zadistes, semble-t-il gratuitement, des terres de Notre-Dame-des-Landes acquises par expropriation avec l’argent du contribuable. Comment peut-on récompenser de la sorte une occupation illégale, parfois violente, quand on connaît la situation de tant de paysans qui s’endettent lourdement pour acquérir leur exploitation ? Les syndicats agricoles dénoncent « un régime de faveur à l’égard de ceux qui bafouent la loi en toute impunité ». A juste titre.