Le Figaro Magazine

EN VUE Marion Maréchal-Le Pen

Son académie des sciences politiques sera inaugurée à Lyon en juin prochain. La faiblesse de Laurent Wauquiez et de Marine Le Pen lui permet de se positionne­r en « recours ».

- Carl Meeus

Marion Maréchal-Le Pen a beau avoir annoncé son retrait de la vie politique, quand elle a renoncé à briguer un deuxième mandat de député en juin dernier, son nom revient sans cesse dans les conversati­ons ces dernières semaines. Et ce n’est pas uniquement lié au fait qu’elle a choisi d’implanter sa future académie de sciences politiques à Lyon. En juin, elle inaugura en effet, en plein coeur du fief régional de Laurent Wauquiez, le patron des Républicai­ns, son école de formation des futurs cadres dirigeants qui ouvrira ses portes dès la rentrée prochaine.

Si la petite-fille de Jean-Marie Le Pen revient au centre de l’actualité, c’est aussi parce que le climat politique s’y prête. Les débats à l’Assemblée nationale la semaine dernière sur le projet de loi asile et immigratio­n ont montré les convergenc­es possibles entre élus des Républicai­ns et députés FN. Amendement­s identiques, vote du FN en faveur de ceux déposés par les LR, discussion­s à la buvette entre députés, les signes étaient nombreux d’un rapprochem­ent. A l’extérieur du Palais-Bourbon, les signes sont encore plus concrets.

Thierry Mariani, ancien député, rencontre Marine Le Pen et discute avec la patronne du FN dans la perspectiv­e des prochaines élections européenne­s. Des contacts dénoncés par les cadres des Républicai­ns mais qui n’ont pas entraîné l’exclusion de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy. Au-delà des Républicai­ns, Nicolas DupontAign­an, qui a soutenu Marine Le Pen pour le second tour de la présidenti­elle, Jean-Frédéric Poisson, patron du Parti chrétien-démocrate et ancien candidat à la pri- maire de la droite et du centre, et Emmanuelle Ménard, députée, ont créé le mouvement Les Amoureux de la France. Les mêmes, rejoints par Charles Beigbeder et Charles Millon, ont lancé fin mars un « appel d’Angers pour l’unité de la droite ».

Ces initiative­s ne se font pas sous l’égide de Marion Maréchal-Le Pen, mais elles lui préparent le terrain. Bien que retirée de la vie politique active, la nièce de Marine Le Pen ne peut pas ignorer les difficulté­s que rencontre la patronne du FN depuis la campagne présidenti­elle et le débat raté de l’entre-deux-tours. Depuis, Marion devance Marine dans le baromètre mensuel Kantar Sofres (19 % contre 18 %). Un petit événement inédit. Surtout, la jeune femme de 29 ans la devance auprès des sympathisa­nts LR (17 % contre 7 %) et n’est pas si loin de Laurent Wauquiez (17 % contre 31 %).

À 29 ANS, ELLE A LE TEMPS D’ATTENDRE ET DE CONTINUER À RESTER EN DEHORS DE LA POLITIQUE

Elle est confortée par Patrick Buisson, avec qui elle a déjeuné fin mars chez Drouant à Paris, comme l’a révélé L’Express. « Elle est en train de revisiter le mythe du sauveur cher à la droite », s’enthousias­me l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy qui regarde tout ça avec la gourmandis­e de celui qui voit ses thèses gagner du terrain. Mais, si localement des élus commencent à envisager des rapprochem­ents voire des alliances dans la perspectiv­e des municipale­s, au sommet des Républicai­ns le blocage est total. Laurent Wauquiez répète dès qu’il le peut qu’aucune alliance avec le Front national ne se fera. « L’union des droites est un fantasme agité par les milieux d’extrême droite pour essayer de nous déstabilis­er », assure l’un des porte-parole LR, Gilles Platret. Reste que Marion Maréchal-Le Pen n’est pas pressée. A 29 ans, elle peut se permettre d’attendre et de continuer à rester en dehors de la vie politique. Mais si elle veut transforme­r en victoire électorale la « bataille des idées » qu’elle estime avoir déjà remportée, elle devra bien un jour retourner dans la mêlée politique.

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