EN 1728 NAISSAIT LA PREMIÈRE COMÉDIE MUSICALE…
Pourquoi tient-on The Beggar’s
Opera créé en 1728 comme la toute première comédie musicale ? Tout simplement parce que ses auteurs John Gay et Johann Christoph Pepusch eurent l’idée géniale et très novatrice de mettre bout à bout des airs archipopulaires à l’époque. Une succession de tubes, en quelque sorte – la comédie musicale Mamma mia ! applique la même recette avec les chansons d’Abba. The Beggar’s Opera, dont le livret est une critique acerbe de la société capitaliste et de ses travers, connut un immense succès, le public retrouvant dans tous ces airs imprimés son inconscient collectif.
Pour cette nouvelle version, Robert Carsen et Ian Burton ont profondément modifié le livret. S’ils ont gardé les chansons aux intonations caractéristiques de la comédie musicale, ils en ont modifié l’ordre et surtout réécrit les textes. Ils multiplient les références actuelles qui font mouche auprès du public hilare. L’ensemble est traité sobrement par le metteur en scène canadien avec un décor fait de boîte en carton ondulé. Autres aspects de ce ballad opera, comme on les appelait autrefois : les artistes sont à la fois chanteurs, danseurs et acrobates. Présents sur scène, les musiciens de l’orchestre des Arts Florissants jouent sur instruments anciens mais suivent la partition sur tablettes. Le spectacle est en anglais et surtitré en français, ce qui est indispensable même pour les plus anglophiles car les interprètes ont volontairement conservé des accents très prononcés comme le cockney. Mis à part le happy end un peu tiré par les cheveux, l’ensemble fonctionne parfaitement et sera en tournée l’an prochain dans une trentaine de villes. Du jamais-vu pour un « opéra ».
Théâtre des Bouffes du Nord jusqu’au 3 mai. (01.46.07.34.50).