22 FÉVRIER 1989 : MITTERRAND TENTE DE CONVAINCRE SHAMIR
Le Premier ministre israélien Yitzhak Shamir, ancien agent du Mossad en France et leader conservateur, échange avec François Mitterrand. Le président français s’apprête à accueillir pour la première fois à Paris le Palestinien Yasser Arafat, chef de l’OLP, considéré comme un « terroriste » par Shamir. Dialogue de sourds.
Reçu à l’Elysée par François Mitterrand le 22 février 1989, Yitzhak Shamir essaie de démontrer que son pays est ouvert à la discussion. Mais il ne cède pas d’un pouce
sur le fond. « Etablir un Etat [palestinien] ne résoudra rien. Les Palestiniens de la diaspora (Jordanie, Liban, Koweït) n’y auront pas leur place. Cela engendrera frustration, amertume, qui se développeront en base d’attaque et en violences contre nous. Nous devrons prendre des mesures, installer des dizaines de milliers de kilomètres de barbelés, des systèmes de surveillance électronique. Je me suis rendu dernièrement au Sud-Liban où nous avons une petite tranche de territoire. Cela coûte très cher. Ce n’est pas un remède. » De son côté, le président français juge, au contraire, que le droit des Palestiniens ne peut être ignoré plus longtemps et que l’OLP a changé : « Nier la capacité de négociation de l’OLP est une erreur. Elle a fait des progrès, ses changements ne sont pas hypocrites. » Selon lui, une rencontre avec Yasser Arafat, qui a déjà été reçu dans plusieurs pays européens, est probable : « Je n’ai rien décidé. Mais je ne vois pas comment, pourquoi, au nom de quoi, je pourrais refuser durablement. Je n’ai pas tranché, aucun rendez-vous n’est pris. Ce ne sera pas demain matin. Le problème est posé. Il faudra le résoudre. Je suivrai uniquement l’opportunité, le réalisme politique. »