EN VUE Jean-Marc Dumontet
Des Molières à la Rue de Valois ?
Certains voient ce proche de Macron accéder au poste de ministre de la Culture. Lui-même en rêve. En attendant, le soir du 28 mai, à la 30e cérémonie des Molières, on l’appellera « président ».
Lundi 28 mai, Jean-Marc Dumontet revêtira un costume de président pour rejoindre la salle Pleyel où se jouera, sous l’orchestration de Zabou Breitman, la 30e cérémonie des Molières *. Cinq ans après avoir fait renaître de ses cendres cet événement devenu la seule grande réunion de famille du public et du privé, l’homme de théâtre (producteur de spectacles et d’humoristes comme Nicolas Canteloup, Alex Lutz, Bérengère Krief ou Lary, et propriétaire de six salles à Paris dont Bobino, le Théâtre Antoine avec Laurent Ruquier et Le Comedia) s’impose plus que jamais comme un acteur essentiel de la vie culturelle. Pour preuve, outre sa présence remarquée lors du festival de Cannes, cette conférence de presse qui réunissait récemment les nommés aux Molières 2018 dans les salons du ministère de la Culture où il vola gentiment mais fermement la vedette à Françoise Nyssen : de son léger accent girondin, avec le franc-parler courtois qui le caractérise, il a chanté les louanges du pays de l’exception culturelle et de la démocratie, rappelant à sa ministre de tutelle les travaux à mener sur la reconnaissance des auteurs, la législation à imposer aux Gafa ou les réformes en matière d’audiovisuel.
Ce discours digne d’un politicien averti n’a fait que confirmer les rumeurs de sa candidature à la succession, Rue de Valois, de celle qui le recevait. Depuis la campagne présidentielle, ses rapports avec Emmanuel Macron sont au beau fixe, fruit d’une rencontre qui a vu naître chez lui « un vrai coup de foudre professionnel. J’ai très vite cru en lui et j’ai été parmi les premiers à l’aider financièrement », raconte-il. La flamme de l’ancien élève de Sciences Po qui anima jadis un meeting de Jacques Chirac devant 15 000 personnes à Bordeaux s’est rallumée immédiatement. « J’ai été séduit par sa détermination à sortir de l’impuissance publique. Et par le renouvellement total de l’offre politique incarné par son projet. »
Nicolas Canteloup, premier talent comique sur lequel il a misé il y a 20 ans, a vu Dumontet se mettre en marche
avec conviction. « Comme tout ce qu’il fait, il s’est lancé à fond aux côtés du candidat, le suivant à ses frais dans tous ses meetings et s’est intéressé comme pour chacun de ses nouveaux poulains, à la façon dont le “one-man-show” pouvait être amélioré. Il rédigeait dans la nuit des notes auxquelles Macron répondait dans la foulée. »
UNE PERSONNALITÉ ATYPIQUE QUI AIME VOLONTIERS PRENDRE DES RISQUES
Sa connaissance du terrain et des difficultés du métier, son double point de vue, politique et artistique, sur les intermittents, et la franchise dont fait preuve l’entrepreneur séduisent le Président comme tous ceux qui le côtoient dans le travail. Solène Le Goff, productrice de TF1 pour l’émission « C’est Canteloup », ne tarit pas d’éloge à son égard. « Sa bienveillance est à la hauteur de
son exigence », assure-t-elle. François-Xavier Demaison, autre ex de Sciences Po qui l’a rencontré lors de son deuxième spectacle dans son Théâtre Antoine, apprécie « son honnêteté, sa courtoisie et son aptitude à prendre des
risques ». Des risques, sa carrière en est en effet jalonnée, depuis ses premières acquisitions de salles pour lancer des artistes jusqu’au lancement du Festival d’humour de Paris sur le modèle du québecois Juste pour rire. Ou encore, récemment, la réunion sur scène de Marlène Schiappa et Myriam El Khomri (une secrétaire d’Etat et une ex-ministre...) dans Les Monologues du vagin dans le cadre de ses Paroles citoyennes.
La petite musique faisant de Jean-Marc Dumontet un possible ministre de la Culture est arrivée jusqu’aux oreilles de Philippe Tesson.. qui s’en agace prodigieusement : «Dumontet confond ses rêves et la réalité ! Il met beaucoup d’énergie, fait très bien sa com’. Mais Macron n’a pas l’intention de lui confier ce poste. Dire que Dumontet a l’oreille du président est bidon car Macron ne le reçoit même pas ». Pas encore ministre et déjà critiqué !
* Retransmise à 23 h 05 sur France 2.