MARLÈNE VA À CANNES
Il paraît qu’il y a encore des gens que le Festival de Cannes excite. Certains s’en réjouissent et l’utilisent donc pour exister. Godard – l’homme dont personne ne peut citer plus de cinq films alors qu’il oeuvre depuis autant de décennies – n’a pas voulu y aller mais a tout fait pour en être. Son nouveau brouet a déclenché les réactions désormais prévisibles d’une partie de la critique : quand c’est apparemment nul et qu’on n’y comprend rien, c’est que ce doit être génial… A Cannes, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, s’est encore surpassée : « Les femmes peuvent s’identifier à des héros masculins, il est temps que les spectateurs hommes puissent s’identifier à des héroïnes », a-t-elle affirmé, pleine d’audace. Sans doute cette cinéphile qui parle avec tant d’assurance n’a-t-elle jamais entendu parler de ces films qui n’ont pas du tout marché et qui n’ont été vus que par des femmes : Jeanne d’Arc, Sunset Boulevard, Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?, Une femme sous influence, Ida, Le Festin de Babette, La Ciociara, Soudain l’été dernier, Thérèse, L’Histoire d’Adèle H., Hannah et ses soeurs, La Môme, Black Swan, Lucy, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Virgin Suicides, Erin Brockovich, Mulholland Drive, Lola Montès, Laura, Alien, Million Dollar Baby, Thelma & Louise, Rebecca et quelques centaines d’autres. Mais si elle souhaite découvrir des films avec de beaux rôles de femmes, on lui recommande vivement la rétrospective consacrée à Joël Séria qui aura lieu à la Cinémathèque française du 27 juin au 2 juillet. Un long-métrage en particulier devrait l’interpeller : Comme la lune.