QUAND L’UTILE DEVIENT INUTILE

Les objets… Les objets sont partout et nous sommes constamment incités à en acheter de nouveaux, même lorsque les anciens sont encore en état de marche, même lorsqu’ils ne servent pas à grand-chose (ce qui évoque cette merveilleuse scène de rêve dans Affreux, sales et méchants durant laquelle des quidams errent dans un supermarché tandis qu’une voix lascive leur susurre « achète ! consomme ! » dans les hautparleurs) : plus aucun gosse ne se contenterait d’un bateau en balsa pour Noël, il lui faut un nouveau smartphone et une tablette, au bas mot… L’époque n’est pas à l’épure ni à la simplicité, et encore moins au dénuement : même les pauvres doivent participer à l’effort collectif et s’ils ne peuvent pas, on a créé des crédits spéciaux pour qu’ils puissent plus facilement s’endetter. Une « artiste » grecque, Katerina Kamprani, a poussé le vice encore plus loin et conçoit des « objets inutilisables » qu’elle vend très cher : des chaises penchées, des verres attachés, une fourchette désarticulée, une tasse dont

l’anse est horizontale, etc. C’est sa collection

Uncomfortable. « J’ai réalisé récemment que j’avais peutêtre nommé cette série The Uncomfortable parce que j’ai souvent l’habitude de me sentir mal à l’aise dans beaucoup de situations. Mais je préfère le voir d’une autre façon, dans l’aspect de la conception du projet. A mon sens, ces images communiquent l’essence de l’expérience avec l’utilisateur, parce qu’elles soulignent souvent les étapes de l’interaction avec l’objet, et non la fonction apparente de celui-ci. » C’est un concept, quoi.