“COMMENT J’AI APPRIS LE MÉTIER DE ROI”

Devenir roi relève d’un apprentissage permanent et quotidien. On intègre les conseils de son entourage pour apprendre très tôt à bien se conduire et bien se tenir. Pour moi, il y a surtout l’exemple de mes parents. Mes conversations avec eux ont été fondamentales. Elles n’étaient pas purement rhétoriques, elles constituaient une expérience vitale importante. La monarchie s’intègre par les yeux, les oreilles, les pores, par tous les côtés. La personne avant toi est une référence, un mentor. Comme don Juan le fut pour mon père. Nous sommes un maillon de la chaîne et l’ensemble de cette chaîne incarne la continuité et la cohérence de la Couronne. Mon père, Juan Carlos, m’a toujours dit : « Suis ton propre chemin, trouve tes propres références. Je t’aiderai quand tu en auras besoin. Mais ne m’imite

pas, ne fais pas comme moi. » Il m’a encouragé à trouver ma propre voie.

Il a été un conseiller exemplaire, en cherchant à m’orienter face à des doutes ou des problèmes.

Il ne faut pas oublier bien sûr l’histoire de la monarchie, que j’ai explorée grâce au monde académique, à travers des livres et des professeurs. Il est important de connaître les éléments intangibles de continuité et d’exemplarité de la Couronne, dont notre système de monarchie parlementaire fait partie. Indépendamment des avatars de l’Histoire, ses valeurs restent en vigueur. Mais il y a aussi l’adaptation nécessaire à notre époque. Tout cela constitue un socle, un bagage, pour intégrer le maillon de la chaîne. » Extraits inédits d’une interview au palais de la Zarzuela, en mai 2014, un peu avant l’abdication de Juan Carlos, dans le cadre du documentaire Moi, Juan Carlos, roi d’Espagne », de Miguel Courtois diffusé sur France 3.