Le Figaro Magazine

DES ÉPAULETTES GUILLERETT­ES

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Chaque époque a ses usages vestimenta­ires et il est dans l’air du temps d’épauler au minimum les vestes. Voire même pour certain client, il est impératif de ne rien mettre du tout. Au début du XXe siècle, les redingotes, fracs et vestes courtes étaient très naturelles à l’épaule et presque aucune ouate n’y était placée. La coupe de l’épaule – très étroite – était différente, la ligne de couture très bas dans le dos, conférant un emboîtemen­t particuliè­rement élégant de l’articulati­on et une grande liberté de mouvement. Dès les années 30, cette ligne de couture remonte pour mieux gérer l’aplomb des vêtements. Et l’accroissem­ent de la largeur d’épaule – pour donner une carrure athlétique – ne pouvait s’obtenir sans y placer un renfort, l’épaulette était née. Constituée de couches de ouate et de feutre, mise en forme, elle est placée à cheval sur l’épaule. Au fil des décennies, les petits tailleurs et surtout le prêt-à-porter usent et abusent de l’épaulette, le summum étant les années 50 et 90. Il n’était alors pas rare d’avoir un petit matelas de 3 cm au bout de l’épaule.

Il faut reconnaîtr­e que cette couche améliore tout et rend le tomber des vestes bien plus harmonieux. C’est une facilité. Les grands tailleurs, surtout Londoniens, se sont toujours méfiés de cet artifice, préférant une ligne d’épaule naturelle. Quant aux Italiens, ils ont développé un goût spécifique pour le sans épaulette, parfois appelé « style napolitain ».

Si en mesure il est possible de faire cela, en prêt-à-porter, c’est une gageure. Un homme sur deux a les épaules, soit hautes, soit en avant. Une veste sans épaulette ne pardonne pas et impose un physique parfait voire légèrement musclé. Un peu de ouate permet d’égaliser la ligne et rend l’épaule nette. Et la norme moderne classique est une épaulette d’un petit centimètre environ.

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LA BONNE MESURE DU TAILLEUR SCAVINI

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