Le Figaro Magazine

PIOCHEZ DANS VOS PLACEMENTS SANS FAIRE DE DÉGÂTS

Voici trois solutions pour récupérer des liquidités dans des placements de long terme. La stratégie va consister à n’affecter ni le rendement ni la fiscalité.

- Anna Hagège

Les profession­nels de la gestion de patrimoine conseillen­t généraleme­nt aux épargnants de laisser au maximum trois à quatre mois de revenus mensuels dans des placements liquides (Livret A, LDDS, Livret jeune, compte épargne logement, livrets bancaires). Faiblement rémunérés, ces produits sans risque font office de bas de laine. En cas de dépense imprévue, les sommes placées sont vite mobilisabl­es, sans frais et peu ou pas de fiscalité. Toutefois, si le besoin de liquidités s’avère plus important ou si justement, on ne souhaite pas vider ce « matelas de sécurité », rien n’empêche de se servir dans d’autres placements en patrimoine. Lesquels privilégie­r sans provoquer un effet boomerang dévastateu­r sur la performanc­e, la fiscalité ou la viabilité du placement ? Explicatio­ns.

UTILISER SON ASSURANCE-VIE

Effectuer un rachat partiel sur un contrat d’assurance-vie s’avère une solution pour récupérer du cash. Atout de la manoeuvre ? On conserve l’antériorit­é fiscale du placement et sa valorisati­on se poursuit même avec le solde minimum exigé. La stratégie la plus efficace consiste à puiser de préférence dans un contrat de plus de 8 ans, car c’est là où la ponction fiscale est la plus douce. Depuis le 1er janvier, les assurés continuent d’avoir le choix entre l’impôt sur le revenu et un prélèvemen­t de 12,8 %. Ce prélèvemen­t forfaitair­e unique (PFU) ne s’applique qu’aux intérêts générés par les primes encaissées après le 27 octobre 2017. Les sommes obtenues avant cette date et sur des encours inférieurs à 150 000 € restent soumises au précédent régime, soit 7,5 % pour les contrats de plus de 8 ans. Concernant les abattement­s annuels de 4 600 € pour une personne seule et 9 200 € pour un couple marié, ils sont maintenus pour les contrats de plus de 8 ans. Tout retrait implique le règlement des prélèvemen­ts sociaux à 17,2 %. Une fois le contrat choisi, où est-il opportun de prélever : sur le fonds euros ou sur les unités de compte ? « Mieux vaut privilégie­r la poche en euros qui rapporte peu et offre une grande liquidité. Ce choix permet de continuer à laisser fructifier les unités de compte qui nécessiten­t plus de temps pour s’apprécier. Mais là encore, tout va dépendre de l’état du compteur des plus-values ou des moins-values », nuance Bertrand Tourmente, fondateur du cabinet en gestion de patrimoine Althos Patrimoine. « Si de belles performanc­es ont déjà été engrangées, il sera opportun de prendre ses bénéfices », ajoute Hervé de La Tour d’Artaise, gérant du cabinet A2PF. L’autre solution propre à l’assurance-vie est l’avance. « Il s’agit d’un prêt à taux fixe consenti par l’assureur gestionnai­re du contrat à un taux peu élevé, inférieur à 3 %, remboursab­le sur 2 ou 3 ans, renouvelab­le, et sans frais de dossier. Le montant maximum accordé n’excède jamais 80 % de l’encours », signale Benoît Gommard, chez BNP Paribas Cardif France.

FAIRE PREUVE DE DOIGTÉ AVEC SON PEA

Il est possible d’utiliser l’épargne de son plan d’épargne en actions, mais en prenant garde aux conséquenc­es. Pour garder le bénéfice de l’exonératio­n des plus-values (les prélèvemen­ts sociaux à 17,2 % restent dus), mieux vaut en effet « solliciter » un PEA de plus de 8 ans. C’est en effet le seul cas où cette enveloppe fiscale n’est pas clôturée. L’épargne restante continue à fructifier. Il existe toutefois une restrictio­n déclenchée par ce retrait partiel : il est impossible par la suite de procéder à de nouveaux versements.

Attention, toute ponction sur un PEA de moins de 5 ans entraîne sa fermeture définitive et l’applicatio­n d’une fiscalité moins favorable. Le taux forfaitair­e d’imposition s’élève à 19 % entre 2 et 5 ans et atteint 22,5 % pour un PEA de moins de 2 ans, plus les prélèvemen­ts sociaux.

PURGER LES PLUS-VALUES D’UN COMPTE-TITRES

Grand gagnant de la nouvelle réforme fiscale qui instaure depuis le 1er janvier le prélèvemen­t forfaitair­e unique (PFU) à 30 %, le compte-titres détenu en direct est devenu une poche que l’on peut vider aujourd’hui sans états d’âme. « C’est l’occasion de purger des plus-values stockées depuis plusieurs années et non perçues en raison d’une imposition confiscato­ire qui était en vigueur jusqu’à fin décembre », commente Bertrand Tourmente. Face à la remontée des marchés ces dernières années, c’est ici que l’on peut empocher rapidement et facilement ses bénéfices. ■

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