DITES-NOUS TOUT Muriel Mayette-Holtz
N’oublions jamais que l’être humain est la plus belle des créations
Elle possède un curriculum vitae impressionnant. Ancienne administratrice de la Comédie-Française (2006-2014), membre de l’Académie des beaux-arts, Muriel Mayette-Holtz dirige depuis 2015 l’Académie de France à Rome. Un poste convoité auquel elle espère être renouvelée pour trois ans, conformément à la tradition et au bilan qu’elle peut présenter sans rougir tant l’ex-comédienne met tout son savoir-faire et son enthousiasme pour faire rayonner la villa Médicis et ses pensionnaires.
La villa Médicis en quelques mots ?
Elle est vivante ! Il y règne une vraie énergie créatrice.
Quelles sont vos grandes fiertés depuis que vous êtes à sa tête ?
Avoir su réunir et confronter l’histoire de l’art et la création contemporaine.
Que vous reste-t-il à poursuivre comme réformes ?
Faire connaître et partager avec tous l’importance et l’utilité de ce laboratoire artistique.
Quelles qualités sont requises pour diriger une telle institution ?
Il faut être comme un chef d’orchestre qui a la passion des artistes et du public.
Que représente Rome à vos yeux ?
Un grand théâtre ! J’apprécie la joie de vivre des Italiens.
Dans quelle autre ville pourriez-vous vivre ?
Le Caire, car toutes les populations y sont brassées.
Quelles seraient vos premières mesures si vous étiez ministre de la Culture ?
Travailler avec le ministère de l’Education nationale et construire un monde où la culture est gratuitement accessible à tous.
Quels sont vos livres de chevet ?
J’ai récemment été bouleversée par
Le Lambeau, de Philippe Lançon, et
Bakhita, de Véronique Olmi. Pour les classiques : Les Fables de Jean de La Fontaine, Georges Simenon, Dante ou Racine.
Vos vers préférés ?
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront », de René Char.
Quels sont vos souvenirs les plus marquants de comédienne ?
C’était lors d’une représentation de
Platonov, de Tchekhov. A la fin du spectacle, les spectateurs s’étaient levés, visiblement bouleversés. Ils nous renvoyaient l’importance de ce que nous faisions. Le théâtre peut décidément consoler les maux de chacun.
Quelle principale leçon avez-vous retenue de cette vie ?
C’est parce que l’on joue pour de faux que l’on peut y croire pour de vrai ! Vos films cultes ?
Tout Cassavetes ! Et La Ricotta de Pasolini, le plus bel hommage fait aux acteurs.
Un peintre admiré ?
Pierre Tal Coat. Il a merveilleusement peint la blessure.
Vos modèles de femmes ?
Aliénor d’Aquitaine, Rosa Parks, Sarah Bernhardt, George Sand ou Marie Paradis, première femme à avoir fait l’ascension du mont Blanc, en jupe, en 1808. Ce sont des femmes libres, courageuses.
Si vous deviez convier des personnalités défuntes ?
Molière, Michel-Ange, Marilyn Monroe.
Un conseil à Emmanuel Macron ?
Voir loin.
Votre vue préférée ?
J’aime regarder Rome depuis les hauteurs de la villa Médicis. Sinon, j’apprécie la vue offerte par la mer.
Utilisation des nouvelles technologies ?
Toute innovation m’émerveille. Mais n’oublions jamais que l’être humain est la plus belle des créations.
Pour quel défaut avez-vous de l’indulgence ?
L’excès.
Et celui que vous ne pardonnez pas ?
La lâcheté.
Quelle est votre passion secrète ?
J’adore le golf – que je pratique à un bon niveau – parce que c’est un rendez-vous avec soi-même.
Votre arôme préféré ?
La fleur d’oranger.
Votre devise ?
« Festina lente ». Autrement dit : « Hâte-toi lentement ». ■