LES RENDEZ-VOUS
L’auteur d’« Elle s’appelait Sarah », best-seller mondial, décrit dans son nouveau roman une famille aux prises avec une crue centennale de la Seine.
de J-R Van der Plaetsen
Elle est l’auteur de douze romans, dont l’un, Elle s’appelait Sarah, a été vendu à plus de onze millions d’exemplaires. Ainsi peut-on présenter Tatiana de Rosnay qui, comme son nom ne l’indique pas, est aussi anglaise que française. De son père, elle a reçu un patronyme qui évoque l’Ancien Régime, le surf sur la côte basque et la théorie des systèmes. De sa mère, elle tient son anglais parfait et complet – « Mes jurons anglais, dit-elle, sont imbattables » – ainsi que la décision de vivre à Londres plutôt qu’à Paris. Elle écrit presque tous ses livres dans la langue de Shakespeare.
Mais elle garde une grande tendresse pour la France, et notamment la Provence, où elle possède une maison de berger entourée d’arbres pour la protéger du mistral, dont un tilleul deux fois centenaire qui, dit-elle, veille sur les siens telle une sentinelle. On le sait, la complexité des origines peut se révéler une richesse. Ce qu’elle exprime ainsi : « Du fait de mes gènes, une perpétuelle bataille se déroule en moi entre Français et Anglais. Du coup, je me sens parfois comme un puzzle à reconstituer. »
Les membres des vieilles familles racontent souvent mieux que les autres les histoires de famille – même les plus effroyables. Question de mémoire et d’expérience, sans doute. Celle que conte Tatiana de Rosnay dans son dernier roman n’est pas une bluette. Venus du monde entier fêter à Paris l’anniversaire du chef de lignée, expert mondial en arbres, les personnages d’une tribu cosmopolite et compliquée sont jetés dans un huis clos dû à une terrible crue de la Seine. Evidemment, les secrets si longtemps tus vont tomber les uns après les autres sous la pression d’événements météorologiques portés à leur paroxysme. Pour Tatiana de Rosnay, presque tous les maux d’une famille viennent du silence et elle sait le dire avec des mots simples qui parlent à tous. On ne chante bien, disait Jean Cocteau, que dans son arbre – généalogique, bien sûr.
« Dans le XVe, la place Cambronne marque la frontière entre la terre ferme et les zones submergées »
SENTINELLE DE LA PLUIE, de Tatiana de Rosnay, Editions Héloïse d’Ormesson, 370 p., 22 €. Traduit de l’anglais par Anouk Neuhoff.