SPÉCIAL PLACEMENTS
Il y a ceux qui savent ou qui voudraient savoir – « la Bourse va monter », « c’est le moment de miser sur les produits structurés, de parier sur le dollar ou d’acheter un meuble du XVIIIe »… Et puis il y a ceux qui ne savent pas et qui sont prêts à croire ceux qui savent. Parfois, c’est une bonne idée, mais pas toujours. Il n’existe pas de martingale en matière de placements. Et on ne sait qu’après si l’idée était bonne, si l’expert en était vraiment un ou s’il n’était qu’un beau parleur. Bernard Madoff avait réussi à convaincre et à séduire les plus grands établissements de la place, des financiers et des philanthropes dans ce qui s’est révélé la plus spectaculaire pyramide de Ponzi jamais vue… En matière de placements, comme de rencontres ou d’influenceurs, il faut bien, à un moment ou un autre, faire le tri et assumer ses choix. Et ce n’est pas facile du tout ! Beaucoup des arnaques actuelles démarrent sur la toile, avant que de chaleureux conseillers prennent le relais (un escroc est toujours sympathique). Une fois évités les arnaqueurs et les pièges du Forex (le marché des changes) ou des diamants, il faut aussi se méfier de soimême. En clair, investir uniquement dans ce que l’on comprend et ce qui nous ressemble. Pas question de perdre le sommeil parce qu’un placement hasardeux pourrait remettre en question les études du petit dernier ! Un conseiller peut alors être utile en aidant à prendre les bonnes décisions, à faire des choix de raison, et pas d’impulsion en fonction de la mode du moment.
L’IMMOBILIER EN QUESTION
Le gouvernement est déterminé à changer la manière d’épargner des Français. Ils seraient de mauvais gestionnaires, trop frileux, pusillanimes (pas si vrai que ça jusqu’ici, ils ont d’ailleurs fort bien résisté aux krachs et aux faillites personnelles vécues dans d’autres pays). Ils devraient accorder une place plus grande aux placements financiers et mettre en sourdine leur appétit pour l’immobilier afin de mieux préparer leur retraite. Et cette nouvelle politique serait bonne pour eux, les épargnants s’enrichiraient plus vite et de manière vertueuse en plus, en contribuant à rendre plus solides les entreprises alors que les fonds en euros de l’assurance-vie ne rapportent plus grand-chose et que l’immobilier serait stérile… La vaste réforme fiscale a été faite en ce sens, recentrant l’impôt sur la fortune sur les seuls actifs immobiliers et réservant aux valeurs mobilières le nouveau prélèvement forfaitaire unique. La suppression annoncée de la taxe d’habitation pourrait bien être le deuxième étage de la fusée et les propriétaires redoutent désormais de voir leur taxe foncière s’envoler. Ceux qui ont une résidence secondaire en première ligne.
SUIVEZ VOS PROPRES OBJECTIFS
Sur le papier, sur le long terme, les actions sont un bon placement, le CAC 40 est au plus haut depuis 2007 alors que les obligations, au niveau où elles se trouvent, sont risquées. Sur le papier, avec une vision de long terme, il faudrait prendre le chemin de la Bourse sans états d’âme. Mais voilà, la réussite dépend du moment où on entre en Bourse et surtout où l’on en sort. Et l’investissement immobilier a un atout : il reste le seul moyen d’emprunter et d’investir à crédit, d’espérer loger un jour un enfant s’il en a besoin. Ne vivant ni sur le papier ni sur le long terme, celui de la génération d’après, les épargnants auront besoin un jour non prévu de leur épargne et voudront être en mesure de la mobiliser sans mauvaise surprise, de récupérer sans délais effarants un appartement dont le locataire organise son insolvabilité. Bienveillance et neutralité, liberté d’investir sans matraquage fiscal comme celui qui se profile sur la pierre… voilà le climat de confiance qui pourrait aider les Français à rester des investisseurs raisonnables tout en faisant les inflexions nécessaires (il y en a) dans leurs patrimoines. Sans pression… ■