Le Figaro Magazine

OPÉRA DE PARIS : QUATRE VISIONS DE LA DANSE

- LES VARIATIONS DE FRANÇOIS DELÉTRAZ Jusqu’au 8 juin (08.92.89.90.90).

Un rendez-vous coup-depoing comme l’Opéra Garnier n’en avait pas connu depuis longtemps ! La soirée dans les espaces publics du bâtiment de Charles Garnier : le grand escalier, le foyer, la rotonde des abonnés. D’étranges animaux y évoluent, comme sortis du monde aquatique, et se mêlent au public. Vêtus de costumes écaillés d’or, les danseurs, visage recouvert, glissent sur le sol, rampent, font des rondes et, soudain, s’immobilise­nt. Frôlons, de James Thierrée, a plus de l’installati­on d’arts plastiques que de la véritable chorégraph­ie. La musique se fait parfois stridente, envoûtante, et envahit, dans une semi-pénombre, les espaces habituelle­ment dévolus aux bavardages. En naît un sentiment mitigé d’angoisse diffuse et de symbiose bienfaisan­te. La horde mystérieus­e finit par monter sur scène pour s’engouffrer dans un grand rideau.

Le deuxième ballet, The Art of Not

Looking Back (photo), est signé du chorégraph­e Hofesh Shechter, qui compose à la fois la musique et la scénograph­ie de ses oeuvres. L’artiste y gagne liberté et précision. Pour la première fois, Shechter a composé pour neuf danseuses qui évoluent dans une pénombre brumeuse, exprimant ainsi le plaisir qu’on peut trouver à se découvrir et à se montrer, libéré du passé et de son poids. Avec The Male Dancer, de l’Espagnol Ivan Pérez, sur le

Stabat Mater d’Arvo Pärt, on change de registre, avec une interrogat­ion sur la masculinit­é dans la danse. Une envolée souvent lyrique, superbemen­t dansée, et des effets de groupe impression­nants. Pour finir, reprise de The Season’s Canon de Crystal Pite, sur une recomposit­ion des Quatre saisons de Vivaldi interprété­es par Max Richter. Magnifique ballet conçu par la chorégraph­e canadienne comme une offrande à la nature. Eblouissan­t.

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