OPÉRA DE PARIS : QUATRE VISIONS DE LA DANSE
Un rendez-vous coup-depoing comme l’Opéra Garnier n’en avait pas connu depuis longtemps ! La soirée dans les espaces publics du bâtiment de Charles Garnier : le grand escalier, le foyer, la rotonde des abonnés. D’étranges animaux y évoluent, comme sortis du monde aquatique, et se mêlent au public. Vêtus de costumes écaillés d’or, les danseurs, visage recouvert, glissent sur le sol, rampent, font des rondes et, soudain, s’immobilisent. Frôlons, de James Thierrée, a plus de l’installation d’arts plastiques que de la véritable chorégraphie. La musique se fait parfois stridente, envoûtante, et envahit, dans une semi-pénombre, les espaces habituellement dévolus aux bavardages. En naît un sentiment mitigé d’angoisse diffuse et de symbiose bienfaisante. La horde mystérieuse finit par monter sur scène pour s’engouffrer dans un grand rideau.
Le deuxième ballet, The Art of Not
Looking Back (photo), est signé du chorégraphe Hofesh Shechter, qui compose à la fois la musique et la scénographie de ses oeuvres. L’artiste y gagne liberté et précision. Pour la première fois, Shechter a composé pour neuf danseuses qui évoluent dans une pénombre brumeuse, exprimant ainsi le plaisir qu’on peut trouver à se découvrir et à se montrer, libéré du passé et de son poids. Avec The Male Dancer, de l’Espagnol Ivan Pérez, sur le
Stabat Mater d’Arvo Pärt, on change de registre, avec une interrogation sur la masculinité dans la danse. Une envolée souvent lyrique, superbement dansée, et des effets de groupe impressionnants. Pour finir, reprise de The Season’s Canon de Crystal Pite, sur une recomposition des Quatre saisons de Vivaldi interprétées par Max Richter. Magnifique ballet conçu par la chorégraphe canadienne comme une offrande à la nature. Eblouissant.