TRENTE SAISONS DE TROP ?
Canal débranche « Les Guignols de l’info ». Ils étaient morts depuis longtemps.
Chirac ? Un niais sympa. Hallyday ? Un crétin. Sagan ? Une ivrogne, dont il fallait sous-titrer les propos. Jospin ? Un benêt. Balladur ? Pontifiant. Giscard ? Gâteux. Strauss-Kahn ? Libidineux. C’était le monde de la fin du XXe siècle selon « Les Guignols de l’info ». Au début du même siècle, les caricaturistes de L’Assiette au
beurre étaient d’une autre force et d’une autre finesse. Force de canon et vitesse de flèche. Ils étaient l’essence même de la caricature : faire apparaître une vérité en forçant le trait. « Les Guignols », eux, remplaçaient une vérité par une erreur, parfois drôle. Et le rire emportait l’adhésion d’un public pressé et souvent mal informé. Le personnage de Sagan était drôle, mais faux. Insultant pour une femme intelligente, talentueuse, fine et plus drôle qu’eux. On pourrait multiplier les exemples. Les bambins de Canal veulent se persuader qu’ils ont inventé l’insolence. Chers petits. « Les Guignols » ou l’actualité vue par mon beauf : rires gras de potes de chambrée. Pourtant, ils passaient pour les meilleurs éditorialistes de la presse française. Ça ne les a pas arrangés. Leur succès leur est monté à la tête. Ils sont devenus des notables, ronronnant d’autosatisfaction, enivrés de leur propre encens, enflés par la mode et la paresse intellectuelle, tellement contents d’eux-mêmes. Dans l’histoire de la satire,
« Les Guignols de l’info » n’auront été que le révélateur d’une époque qui confond la légèreté avec l’inconséquence. « Les Guignols » ?
Légers parce que vides.