CAS DE CONSCIENCES

ET L’AMOUR AUSSI A BESOIN DE REPOS, de Drago Jancar, Phébus, 331 p., 22 €. Roman traduit du slovène par Andrée Lück-Gaye.

L’amour triomphe de tout. » Une douce croyance, valable peut-être en temps de paix, mais quand la guerre fait rage, c’est la guerre qui triomphe. Même de ceux qui s’aiment, même de ceux qui se battent, même de ceux qui croient imposer leur force. Printemps 1944 : dans une rue passante de Maribor, une ville slovène tombée sous le joug du Troisième Reich, Sonja, une brillante étudiante en médecine, reconnaît un lointain ami de son père sous l’uniforme gris de l’occupant. Séduit par le parfait allemand de la jeune femme, Ludek, devenu l’officier SS Ludwig Mischkolnig, fait miroiter à son ancienne concitoyenne une promesse irrésistible : faire libérer son fiancé arrêté par la Gestapo comme terroriste. Une exceptionnelle faveur, lourde de conséquences : redevenu libre, Valentin devra prouver à ses camarades partisans qu’il n’est pas un espion et que Sonja n’a en rien trahi leur cause. Comment ? En devenant à son tour un assassin…

Vous ne connaissez pas Drago Jancar ? Vous n’avez pas encore succombé au charme noir de Cette nuit, je l’ai

vue (prix du meilleur livre étranger, 2014) ? Ouvrez sans tarder son nouveau chef-d’oeuvre. Vous n’y ferez pas que d’agréables rencontres : né à Maribor en 1948, passé par la case prison comme opposant politique, Jancar ne se berce guère d’illusions sur ses semblables. A-t-il pour autant renoncé à toutes ? La réponse habite ce superbe roman, à la fois sensuel et grave.