Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE

de François d’Orcival

- LA CHRONIQUE DE FRANÇOIS D’ORCIVAL

La jungle de Calais va s’installer à Paris. C’était prévisible.

C’est devenu inévitable. La maire de Paris, ses adjoints, son réseau d’associatio­ns, auront tout fait pour ça.

Anne Hidalgo et ses porteparol­e n’ont cessé de multiplier les déclaratio­ns de solidarité avec les migrants, de brandir le devoir moral de les accueillir avec générosité, l’honneur de la France des droits de l’homme… Les réseaux de passeurs de clandestin­s écoutent et savent lire. « Ils font du benchmarki­ng » (ils comparent), dit même le ministre de l’Intérieur. C’est une évidence, et c’est ainsi que la route de Calais fait un détour par Paris. Ce ne sont pas des réfugiés de guerre, rescapés de Syrie, d’Irak, de Libye ou d’Afghanista­n ; ils arrivent d’Erythrée, du Soudan, des pays du Sahel.

La Mairie de Paris les a installés sous les tentes du camp du Millénaire

(le millénaire passé ou le millénaire à venir ?), au nord-est de la capitale. Puis ils se sont entassés. Mille d’abord, deux mille ensuite. S’enclenche le cycle bien connu : absence d’hygiène, insalubrit­é, violence…

Et Mme Hidalgo-les-brasouvert­s se tourne alors vers le ministre de l’Intérieur et le préfet de police pour les interpelle­r : comment pouvez-vous abandonner ces gens à un traitement inhumain, indigne de la France ? La posture se transforme en imposture. Le préfet de police, pressé par l’urgence, évacue donc les réfugiés pour les transférer du camp du Millénaire vers des bâtiments en dur, des gymnases, des centres, etc. Le 30 mai, c’était la

35e opération de ce genre en trois ans ! Quelque

38 000 migrants auront été ainsi déplacés depuis 2015 de Paris vers la proche banlieue. Que sont-ils devenus ? Pourquoi cela s’arrêterait-il ? L’évacuation de la jungle de Calais n’a rigoureuse­ment rien changé au problème – on l’a seulement déplacé.

Le camp du Millénaire, à peine évacué, est en train de se reconstitu­er, au même endroit ou ailleurs, avec les mêmes encouragem­ents de Mme Hidalgo.

Ce sera sans fin puisque l’on ne traite pas la question à la source.

Cela ressemble à une fable tragique. Anne Hidalgo dans le rôle de Merkel, la Mairie de Paris dans celui de l’Europe irresponsa­ble. Laquelle se retourne vers ses voisins et leur lance : « Débrouille­z-vous ! » Avec quelle leçon politique ? Celle que viennent de tirer les Italiens… On ne peut pas s’étonner.

Même les bobos finissent par se lasser.

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