Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE

d’Eric Zemmour

- Eric Zemmour

Le bon temps pour les clandestin­s est fini ; préparez-vous à faire les valises. » Le patron de la Ligue, Matteo Salvini (photo), a le sens de la formule qui fait mouche. Ce n’est pas un hasard s’il a choisi le poste de ministre de l’Intérieur, laissant à ses alliés du mouvement M5S les ministères sociaux. A ce poste, on peut encore montrer qu’un Etat déterminé a les moyens d’agir. Encore faut-il qu’il le soit. C’est toute la question posée par l’affaire italienne. Celle de la légitimité démocratiq­ue est derrière nous. Elle s’est réglée par un compromis à l’italienne : les vainqueurs des élections ont renoncé à « leur » ministre des Finances europhobe ; le président de la République italienne et les milieux européens de Bruxelles qui le soutenaien­t ont renoncé à empêcher une majorité « populiste » de gouverner. Désormais, c’est à Salvini de jouer. D’abord parce que l’immigratio­n fut le thème qui l’a porté au pouvoir. Ensuite parce qu’il doit montrer qu’il peut expulser massivemen­t les clandestin­s (il a promis 500 000 renvois) et arrêter la déferlante migratoire sur les côtes italiennes. Salvini s’en est déjà pris aux ONG qui, sous couvert d’humanisme, sont les complices des passeurs. Il devra utiliser la marine italienne non pour sauver les migrants mais pour les arrêter, voire détruire leurs barques. Il devra enfin tenir tête aux juges européens qui ne manqueront pas de dénoncer des pratiques contraires aux « droits de l’homme ». Osera-t-il ? Il devra aussi faire pression sur les pays de l’autre côté de la Méditerran­ée – Tunisie, Maroc et, au-delà, les autres pays d’Afrique pour qu’ils reprennent leurs ressortiss­ants. Au temps de Ben Ali en Tunisie et de Kadhafi en Libye, ces pays bloquaient les migrants pour qu’ils ne se déversent pas sur l’Europe – preuve que c’est possible. L’Algérie n’hésite pas à renvoyer brutalemen­t les migrants qui essayent de s’installer chez elle.

On croit toujours en France que l’immigratio­n est un phénomène qu’on ne peut maîtriser, une sorte de fatalité qu’on doit subir. C’est faux. Les mouvements démographi­ques sont une guerre qu’on veut gagner ou qu’on accepte de perdre. Comme le note l’historien Pierre Vermeren, le milliard de Chinois pauvres n’a jamais débarqué dans le Japon riche parce que l’Etat japonais s’est organisé pour qu’il en soit ainsi. Aux Etats-Unis, depuis l’arrivée de Trump, l’immigratio­n venue du Mexique s’est beaucoup réduite. Emmanuel Macron et les dirigeants de l’Europe répètent que chaque nation ne peut rien faire seule et que la question migratoire ne pourra être résolue qu’ensemble. C’est exactement l’inverse. Ensemble, les Européens ont prouvé qu’ils ne font rien. Les Etats qui l’ont décidé ont bloqué toutes les routes migratoire­s – la Hongrie en est le meilleur exemple. Et la Pologne montre qu’il est possible d’accueillir une immigratio­n choisie : ils ont accepté des Ukrainiens et refusé les musulmans. Un pays peut s’inquiéter de la révolution « populiste » italienne : c’est l’Espagne. Qui va remplacer Lampedusa ? Cadix ? Malaga ?

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ÉRIC ZEMMOUR

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