EN VUE Hélène Fillières
Avec « Volontaire », l’actrice-réalisatrice signe un film captivant qui nous plonge, au côté d’une aspirante-officier lumineuse, dans le monde tumultueux de la Marine nationale.
Comme ses mots, lors- qu’elle se raconte, Hélène Fillières choisit avec soin les histoires dans lesquelles elle s’embarque. Quand nous la retrouvons, par un lundi de mai, cette artiste au regard perçant et au sourire doux a revêtu une veste militaire de circonstance pour nous parler de Volontaire, qui retrace les premiers pas d’une jeune recrue de la Marine nationale. Quatre ans après avoir fait ses classes dans la réalisation avec Une histoire d’amour, Hélène Fillières monte en grade avec ce lumineux portrait de femme, brossé dans le décor de l’école des fusiliers marins de Lorient. « Je n’avais aucune attache particulière avec l’armée ; cet intérêt est né devant un reportage d’« Envoyé Spécial » consacré aux bérets verts. En assistant, par la suite, à la célébration du 70e anniversaire du débarquement à Ouistreham, j’ai découvert que derrière l’uniforme, se cachent souvent des êtres sensibles, bouillonnants. De là est venue l’idée de raconter comment une femme comme moi pouvait être touchée par cette extrême pudeur militaire. » Dans ce monde formidablement cinégénique, où les mouvements sont chorégraphiés et où les paroles répondent à un langage choisi, on suit avec émotion le parcours initiatique de Laure, une aspirante de 23 ans, qui tentera de percer le mystère de cet univers viril et de s’y faire une place.
« Ayant incarné pendant huit ans, dans la série Mafiosa, une femme à la tête d’un clan mafieux, il y avait des résonances avec cette idée de propulser une fille dans un milieu masculin et d’y organiser son rapport aux hommes. » En allant chercher la solidité, le courage, la détermination, Laure découvrira la confusion des désirs auprès de son référent, le commandant Rivière, à qui Lambert Wilson prête son charme, sa puissance et l’opacité de ses sentiments. Ce film aura été l’occasion de mettre en lumière le talent d’une jeune actrice éblouissante : Diane Rouxel. « Je suis tombée en arrêt devant son visage en ouvrant
Madame Figaro ! Son regard, magnétique et profond, s’est imposé comme l’incarnation parfaite du personnage. »
A l’image de ses partenaires, la comédienne a suivi une formation intense et profonde. Comme un bon petit soldat, elle s’est appliquée à un entraînement physique musclé et a appris la philosophie d’un tel engagement.
LA RÉALISATION LUI A DONNÉ DES ARMES POUR EXERCER SON MÉTIER D’ACTRICE
A ce film passionnant, on piquerait volontiers le titre pour définir sa réalisatrice. Volontaire, Hélène Fillières l’est autant dans le travail que dans la vie. Celle qui avoue être sans cesse « dans une sorte de combat » tient sans doute ce trait de caractère de ses débuts puisqu’elle est devenue comédienne, presque par hasard, alors qu’elle campait un rôle dans Des filles et des chiens, le film de fin d’études de sa soeur Sophie. Sa sensibilité, sa puissance de jeu et sa silhouette longiligne ont inspiré les metteurs en scène du cinéma d’auteur, comme Bonitzer, Doillon, Klapisch, Claire Denis ou Tonie Marshall, jusqu’à ce qu’elle se lance le défi, à 40 ans, de passer derrière la caméra. « Le métier d’acteur est très infantilisant et il crée un état passif. C’est pourquoi je me suis imposé ce challenge en luttant contre mon sentiment d’illégitimité et en m’autorisant le droit d’aller sur le même terrain que ma soeur. » Mais plutôt que de lui faire passer le goût du jeu, la réalisation lui a donné des armes pour exercer son métier d’actrice. Récemment, elle a retrouvé Laetitia Masson pour
Aurore, une mini-série produite par Arte, et sa mise en scène théâtrale de La Femme rompue, avec Josiane Balasko, lui a donné envie de remonter sur les planches. En attendant, elle laisse venir à elle d’autres histoires, en marchant dans Paris au rythme des mélodies de Daho ou de Bowie. Ground Control to Major Helen…